Quoi, Nicola Haym compositeur ? Le librettiste de Teseo et de Giulio Cesare, l’infatigable plume des succès lyriques de Haendel sur le terrain de l’opéra italien caressa donc aussi Erato?

Secret de Polichinelle, Haym se fit connaitre dans sa Rome natale comme un virtuose du violoncelle, et parvenu à Londres, il dirigera la musique du duc de Bedford. Lorsque la plume ne l’occupait pas, c’est à l’archet ou au clavecin qu’il consacrait ses exercices : un fameux tableau de Mario Ricci nous le montre, accompagnant Nicolini. Oui, mais reste que ses partitions dormaient dans les bibliothèques jusqu’à ce que les musiciens de L’Aura Rilucente les exhument.

Dès le Grave de la Sonate en ut mineur, on comprend la stupeur qui dut les saisir en découvrant ces musiques : l’ampleur de la mélodie, le sfumato de ces couleurs assombries montrent la science italienne de Haym mais aussi son oreille cosmopolite : on est entre Corelli et Conti, entre Rome et Vienne, alors que les Sonates de son Op. 1 furent éditée à Londres en 1701 : l’Europe quoi !

L’affaire est entendue, trois Sonates de Haym seront révélées. En contrepoint, Jorge Lopez Escribano et ses amis les pimenteront avec des Sonates en trio de Haendel, chefs-d’œuvre de la maturité du compositeur, deux cahiers trop peu courus au disque.

C’est merveille que l’Opus 2 No. 7, d’une vivacité sciante et dans une vêture aussi opulente –où la harpe se joint au clavecin pour colorer le discours, et l’Opus 2 No. 5 est tout aussi festif. Cette plénitude sonore, ce sens des phrasés qui parlent – les musiciens ajoutent au programme un Air d’Admeto et un autre d’Ottone – on sait qu’Haym fut le librettiste du premier, on le suppute pour le second – et la profusion sonore sont les maîtres mots de ces jeunes musiciens qui devraient vite graver l’intégrale de l’Opus 2 et aussi de l’Opus 5, la récente proposition de Richard Eggar et de l’Ancient Academy of Music ayant apporté plus de questions que de réponses.

LE DISQUE DU JOUR

Nicola Francesco Haym (1678-1729)
Sonates en trio Op. 1
(Nos. 1, 3, 4)
Georg Friedrich Haendel (1685-1759)
Sonates en trio Op. 2 (Nos. 5, 7)
Aria “A languir ed a penar” (extrait d’Admeto)
Aria “Ah tu non sai”
(extrait d’Ottone)

L’Aura Rilucente

Un album du label Ambronay Editions AMY304
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Photo à la une : © DR