Václav Tomášek est passé à une relative postérité par ses Églogues, bagatelles pastorales d’un envoûtant sentiment poétique. Cela aura suffit pour le situer dans l’orbe des beethovéniens, alors que je l’ai toujours trouvé plus proche de Schubert, pour le sens mélodique, l’harmonie profonde et étrange de ses tonalités mineures surprenantes, et le discours intime.

Voilà qu’un plein disque de ses mélodies me confirme dans ce sentiment. Les quinze Lieder sur des poèmes de Goethe qu’herborisent Renata Pokupić et Roger Vignoles montrent Tomášek allant et revenant de Mozart à Schubert, désarmant de fraîcheur comme le premier, émouvant par le sens du portrait psychologique comme le second. Mais aussi de son temps lorsqu’il met très simplement sur le galop du piano cet Erlkönig tout simple où les strophes du tentateur s’enveloppent d’un effet de harpe.

La veine des Lieder bohémiens est différente, entre salon et prairie, délicieuse rencontre d’un imaginaire pastoral et des règles d’un genre dont Brahms brisera le carcan. Ces mélodies sont charmantes et irrésistibles plus souvent qu’à leur tour, détaillées avec aplomb par le mezzo solaire de Renata Pokupić, portées par le piano sans façon de Roger Vignoles. Ils ont fait œuvre utile en révélant ces opus quasiment inconnus d’un compositeur décidément à découvrir.

LE DISQUE DU JOUR

Václav Jan Křtitel Tomášek (1774-1850)
Lieder sur des poèmes de Johann Wolfgang von Goethe*
*de l’Op. 53
Heidenröslein (No. 1),
Mailied (No. 3)
*de l’Op. 54
Die Spröde (No. 2),
Die Bekehrte (No. 3)
*de l’Op. 55
An die Entfernte (No. 1), Die Spinnerin (No. 2), Am Flusse (No. 3), Die Nacht (No. 5)
*de l’Op. 56
Schäfers Klagelied (No. 1)
*de l’Op. 57
Auf dem See (No. 3), Sorge (No. 4)
*de l’Op. 58
Rastlose Liebe (No. 1), Das Geheimnis (No. 3), Wandrers Nachtlied (No. 4)
*de l’Op. 59
Erlkönig (No. 1)

6 Lieder bohémiens sur des textes de Václav Hanka, Op. 71
Des Greises Trauerlied, sur un poème de Karl Egon Ebert, Op. 69 No. 1
Das Lied – (No. 2, extrait des Schillers Lyrische Gedichte, Op. 37)
Lied eines Alpenmädchens – (No. 3, extrait des 3 Gesänge, Op. 96)
Ständchen – (No. 3, extrait des 3 Lieder, Op. 107)
3 Gesänge, Op. 92

Renata Pokupić, mezzo-soprano
Roger Vignoles, piano

Un album du label Hypérion CDA67966
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Photo à la une : La mezzo-soprano Renata Pokupić – Photo : (c) Chris Gloag