Friedrich Gernsheim a concentré l’essence de son art dans ses partitions chambristes. L’orchestre le trouve peu inspiré, sa plume comme engoncée, ses Symphonies le prouvent mais ses Concertos ? Les deux opus
qu’il écrivit pour le violon sont séparés par plus de dix années durant lesquelles justement sa musique de chambre se sera épanouie.
Le Premier est un rien indécis, concerto-récitatif à la manière de Spohr mais sans ses libertés narratives, avec une pointe de Schumann dans l’orchestre. Alors que le Second ! Un concerto-ballade, où le soliste prend la main, chante avec une fantaisie de tous les instants, et laisse parfois l’orchestre s’épancher seul. Œuvre magnifique, qui dans le grand appareil symphonique récupère les vertus si lyriques de cette manière unique dans l’histoire du romantisme tardif.
Evidemment ces paysages de fantaisie ont une pointe de Brahms – Gernsheim était un de ses intimes – mais le ton parfois scène d’opéra que prend le soliste est décidément hors champs. Linus Roth y déploie ses aigüs de grâce, phrase avec brio et tendresse, révélant l’œuvre majeure de ce disque où le Fantaisiestück, charmant, est un complément aussi parfait qu’anecdotique.
LE DISQUE DU JOUR
Friedrich Gernsheim
(1839-1916)
Concerto pour violon et orchestre No. 1 en ré majeur, Op. 42
Fantasiestück, pour violon et orchestre, en ré majeur, Op. 33
Concerto No. 2 en fa majeur, Op. 86
Linus Roth, violon
Hamburger Symphoniker
Johannes Zurl, direction
Un album du label CPO 777861-2
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Photo à la une : (c) DR