Mariage attendu : le plus stylé des pianistes anglais et le plus lyrique des chefs de sa génération. Pour leur premier disque Stephen Hough et Andris Nelsons ont choisi deux concertos majeurs du répertoire romantique. Celui de Dvořák est resté longtemps l’apanage de Rudolf Firkušný : il fut longtemps quasiment le seul à le jouer, lui donnant un ton héroïque que l’on cherchera en vain ici : Nelsons le dirige comme une ballade à travers des paysages changeants, le piano simple, concentré, au son un rien fermé de Stephen Hough l’y suit tout d’abord comme avec réticence, puis finalement chante : l’Andante sostenuto s’anime d’un vrai récit, mais surtout le Finale trouve son élan. Pas assez pourtant pour me faire renoncer à Firkušný surtout lorsque celui-ci était accompagné par Walter Süsskind.
Et leur Schumann, puisque c’est le Concerto en la mineur qui succède au Dvořák ? Tenu, un peu droit surtout dans la coda du Finale où l’on voudrait un ondoiement, un ruban qui n’en finit pas de se dérouler, plus sérieux que sensible, il ne tient pas toutes ses promesses, trop uniment sombre, comme si pianiste et chef se jaugeaient, admiratifs l’un de l’autre, mais pas assez intimes pour faire de la musique à leur mieux. Leurs gestes s’accordent dans un certain lyrisme retenu, ombré, qui se garde bien de forcer les œuvres : c’est déjà ça, mais ce n’est pas assez. Demain peut-être.
LE DISQUE DU JOUR
Antonín Dvořák (1841-1904)
Concerto pour piano et orchestre en sol mineur, Op. 33
Robert Schumann (1810-1856)
Concerto pour piano et orchestre en la mineur, Op. 54
Stephen Hough, piano
City of Birmingham Symphony Orchestra
Andris Nelsons, direction
Un album du label Hypérion CDA68099
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Photo à la une : © Sim Canetty Clarke