Stravinski avant Stravinski, vous connaissez ? En janvier 1972, Michael Tilson Thomas, vingt-huit ans, enregistrait pour le label Deutsche Grammophon avec l’Orchestre Symphonique de Boston un stupéfiant album proposant un Sacre du printemps félin, cursif, et une pépite, ce Roi des étoiles (en russe Zvezdolikiy) que Stravinski acheva en 1912, brève cantate pour chœur d’hommes et orchestre qui le montre faisant son langage au travers des syntaxes de Rimski-Korsakov et de Scriabine.

Ce monolithe venu d’ailleurs n’a cessé de me fasciner, indicateur d’une direction abandonnée, dont la roideur orante n’est pourtant pas sans annoncer les pages les plus minimalistes du Sacre et de la Symphonie de psaumes. Mais le retrouver magnifier à ce point par un remastering aussi prodigieux avive encore son pouvoir.

Idem pour ce Sacre du printemps que j’ai toujours considéré comme une des plus fulgurantes versions de l’œuvre, implacable mais lumineux, violent mais alerte, lancé tel un javelot. Cette lecture athlétique paraît ici dans toute sa gloire : écoutez seulement la beauté de cette prise de son, son espace, sa profondeur, la façon dont les ingénieurs ont capturé l’acoustique naturelle du Symphony Hall. Des retrouvailles ? Une révélation !

LE DISQUE DU JOUR

Igor Stravinski (1882-1971)
Le Roi des étoiles
Le Sacre du printemps

Boston Symphony Orchestra
Michael Tilson Thomas, direction

Un album du label Pentatone PTC 5186 225
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Photo à la une : © DR