Un quintette ? Une symphonie. Le Quatuor Ebène et Gautier Capuçon entrent dans le vaste D. 956 de leurs archets légers et profonds à la fois, mettant un mouvement irrépressible mais mesuré où les dynamiques se meuvent, immuables. Un quintette de cordes ? Plutôt un orchestre et pour une envoûtante symphonie qui n’a rien à envier à la Grande en ut majeur. Car ici, même les zones d’ombre, mêmes ces moments de vertige qui parcourent l’Allegro et l’Adagio sont tenus par un discours d’une logique imparable.
J’en vois déjà qui regretteront le ton de Winterreise qu’y avaient deviné les archets du Quatuor Weller et qui même pointeront ce qu’ils pourraient prendre pour une certaine distance. A compter du Scherzo, ils ne pourront plus opposer la moindre résistance : les archets dansent, c’est dionysiaque mais dans le trio, un lied se déploie. Finale conquérant, strette inouïe.
Cinq Lieder referment l’album dans le velours amer de la voix de Matthias Goerne. Raphaël Merlin, le violoncelliste des Ebène a transcrit le piano pour quatuor et contrebasse, histoire d’avoir des abîmes pour Der Tod und das Mädchen ou Der Jüngling un der Tod. Mais c’est la longue ligne nostalgique d’Atys, et son récit enflammé, qui me vont droit au cœur.
LE DISQUE DU JOUR
Franz Schubert (1797-1828)
Quintette à cordes en ut majeur, D. 956
Die Götter Griechenlands,
D. 677 (arr. pour voix, quatuor et contrebasse)
Der Tod und das Mädchen,
D. 531 (arr. pour voix, quatuor et contrebasse)
Der Jüngling und der Tod,
D. 545 (arr. pour voix, quatuor et contrebasse)
Atys, D. 585 (arr. pour voix, quatuor et contrebasse)
Die liebliche Stern, D. 861 (arr. pour voix, quatuor et contrebasse)
Matthias Goerne, basse
Gautier Capuçon, violoncelle
Laurène Durantel, contrebasse
Quatuor Ebène
Un album du label Warner Classics 0825646487615
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Photo à la une : © Julien Mignot