Il aura fallu l’énergie d’un Eduard Melkus puis au disque celles de Sigiswald Kuijken (à deux reprises) ou de Jaap Schröder pour qu’enfin le violon de Bach reprenne son vrai visage, assez loin des lectures ferventes imaginées par Menuhin ou du geste classique d’un Milstein. Non plus une prière, mais des danses.
L’affaire est aujourd’hui entendue, chacun va du coté qui lui plaît, au Temple ou dans le jardin secret du compositeur, vue avec l’œil de ce que l’interprétation historiquement informée nous assure être son temps.
Midori Seiler entend son Bach en dehors de ses débats : évidemment, son archet joue selon les pratiques d’époque, avec un vocabulaire proche de celui d’un Kuijken, mais ce qu’elle dit, la façon dont elle fait entendre derrière les notes des mots me fait penser à Harnoncourt pour qui la musique fut toujours un discours de l’expression. Cet archet si ferme, ce son si plein où tout se lie dans une vaste ligne rappellent qu’elle fut (aussi) la disciple de Sándor Végh.
Les Sonates, ainsi détaillées et tenues, augurent avec bonheur de ce que sera cette nouvelle intégrale une fois que je tiendrais les Partitas (parues auparavant, mais que je n’ai point pu entendre pour le moment), car c’est là finalement qu’est l’enjeu du cahier de Bach : faire du violon un théâtre polyphonique.
Prise de son somptueuse.
LE DISQUE DU JOUR
Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Sonate pour violon seul No. 1 en sol mineur, BWV 1001
Sonate pour violon seul No. 2 en la mineur, BWV 1003
Sonate pour violon seul No. 3 en ut majeur, BWV 1005
Midori Seiler, violon
Un album du label Berlin Classics 03000721BC
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Photo à la une : © DR