Bonne idée : regrouper en un album tout ce que Ravel aura orchestré d’autrui. Non seulement les Tableaux d’une exposition qui ont atteint une renommée planétaire grâce à la vêture instrumentale dont il les aura parés, mais des partitions signées Chabrier, Debussy ou Schumann.
Dans un ébrouement de caisse claire et de tambour de basque, Ravel lance le décor fastueux que déploie Chabrier dans son Menuet pompeux : brillant, savoureux, mêlant le geste Grand Siècle à un côté rustique, c’est la moins connue de ses orchestrations. Injustice car elle est de bout en bout savoureuse et n’économise pas l’humour, cette vertu ravélienne qui ne demande qu’à paraître jusque dans le charme du petit concert de bois et cordes durant le rêve du passe-pied. C’est serti, plein d’esprit, très bien enlevé par les Lyonnais qui trouvent également le ton nostalgique de la Sarabande de Pour le piano de Debussy comme les élans de la Tarentelle Styrienne que l’orchestre n’alourdit pas, et un regret me vient : si Ravel s’était penché sur Khamma, et non Koechlin, comment cela aurait-il sonné ?
Tout aussi brillant, peut-être un rien trop en surface, sa proposition d’orchestre pour le Carnaval de Schumann avait jadis tenté Ernest Ansermet. Leonard Slatkin y est tout aussi précis, son orchestre offrant une justesse du jeu d’ensemble supérieure. Et les Tableaux ? On en a mille versions. Mais si simplement faits, avec comme une volonté de ne pas interpréter, ils referment avec à propos cet album aussi logique que précieux.
LE DISQUE DU JOUR
Maurice Ravel
L’Œuvre orchestrale (Vol. 3)
Les orchestrations d’œuvres
d’autres compositeurs
Emmanuel Chabrier (1841-1894)
Menuet pompeux
Claude Debussy (1862-1918)
Sarabande (extraite
de « Pour le piano »)
Tarentelle Styrienne (Danse)
Robert Schumann (1810-1856)
Carnaval
Modeste Moussorgski (1839-1881)
Tableaux d’une exposition
Orchestre National de Lyon
Leonard Slatkin, direction
Un album du label Naxos 8573124
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Photo à la une : © DR