La résurrection du label Eurodisc, tombé dans les filets de Sony, n’en finit pas de susciter des surprises : hier le legs de Sviatoslav Richter pour le label allemand reparaissait en un brillant coffret, pochettes originales, remasterings exemplaires, aujourd’hui, c’est un microsillon bien oublié de Grigory Sokolov qui émerge de son tombeau. Le devait-il ?

Munich, Novembre 1977, un jeune pianiste de vingt-sept ans enregistre le Premier Concerto de Chopin avec le Philharmonique de Munich sous la direction de Witold Rowicki. Onze plus tôt – il n’avait que seize ans ! – ce virtuose déjà fantasque avait remporté le Concours Tchaïkovski, médusant Emil Gilels lui-même.

J’attendais donc un Chopin aventureux. Mais non, jeu plat, classique, un rien absent, comme si déjà Sokolov souffrait de cette irrégularité chronique qui le voue aujourd’hui au trait de génie ou à l’apathie. Rowicki a beau essayer de tendre le discours, le pianiste n’y est guère sensible. Reste justement du très beau piano mais ici, cela ne saurait suffire.

Patience : Sony annonce la réédition prochaine d’une Hammerklavier qui dans mon souvenir sonnait avec bien plus de présence et de propos. J’espère que je ne serai pas déçu comme ici.

LE DISQUE DU JOUR

Frédéric Chopin (1810-1849)
Concerto pour piano et orchestre No. 1 en mi mineur, Op. 11

Grigory Sokolov, piano
Münchner Philharmoniker
Witold Rowicki, direction

Un album du label Sony Classical/Eurodisc 8875194722
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Photo à la une : © Mary Slepkova