The Lark Ascending, vous connaissez ? Un petit poème pour violon et orchestre qui tomba comme en rêve de la plume de Vaughan Williams un jour de distraction. Il y avait rêvé le chant d’une alouette s’élevant dans le soleil couchant. Presque rien, mais de la poésie à l’état pur et pour les mélomanes anglais que la poésie concerne, habite, meut depuis Purcell, comme un paradis retrouvé.

Et bien, ce Paradis, Robin Milford y aura aussi accédé sans vergogne. Vaughan Williams avait habillé son alouette d’un orchestre en 1921, sept ans plus tard, Milford faisait chanter la sienne dans The Darkling Trush, et dans les mêmes paysages. C’est une merveille que Philippe Graffin, toujours curieux du répertoire d’Outre-Manche, place au centre de son nouveau disque, et il a bien raison. Il ferait bien de nous graver la version « moderne » du Concerto de Milford qu’on attend, il y chanterait tout aussi bien.

Pourtant, le trésor du disque n’est pas seulement là, mais dans la rêverie lyrique qui ouvre l’album, ce Concerto de Delius qui referme sur vous ses arabesques sucrées comme le ferait une glycine en fleur, partition irrésistible que même Yehudi Menuhin enregistra, convaincu par Eric Fenby, mais pas seulement. L’œuvre, d’un debussysme sensuel, vous a de ces charmes !, à condition d’abandonner toute velléité cartésienne, car cette musique comme celle de Fauré, coule telle de l’eau. Il me semble que Philippe Graffin possède exactement l’œuvre comme seul avant lui Albert Sammons. Bien plus en tous cas que le Concerto de Britten dont il soigne la lyrique, mais ne trouve guère la tension, malgré l’accompagnement attentif de Nicholas Collon.

Mais demain, le Concerto de Milford, et celui de Moeran, se marieraient à merveille sous son archet.

LE DISQUE DU JOUR

Robin Milford (1903-1959)
The Darkling Trush,
pour violon et orchestra, Op. 17
Frederick Delius (1862-1934)
Violin Concerto
Benjamin Britten (1913-1976)
Concerto pour violin, Op. 15

Philippe Graffin, violon
Royal Scottish National
Orchestra
Philharmonia Orchestra (Britten)
David Lloyd-Jones, direction
Nicholas Collon, direction (Britten)

Un album du label Dutton Epoch CDLX7320
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Photo à la une : © Marco Borggreve