En visite pour trois soirées à Paris, au Théâtre des Champs-Elysées, l’Orchestre Philharmonique de Saint-Pétersbourg a éblouit le public parisien par ses programmes autour des Ballets Russes de Serge de Diaghilev.
Mercredi 25, des extraits du Lac des Cygnes de Tchaïkovski et Schéhérazade de Rimski-Korsakov. Vendredi 27, le Concerto pour violon de Tchaïkovski et Le Sacre du printemps de Stravinski. Voilà pour les deux soirées auxquelles j’ai pu assister.
Cette phalange, anciennement orchestre d’Evgeny Mravinski, demeure tout simplement fabuleuse. Certes, certains pupitres (les bois) ne cachent pas leurs défauts d’homogénéité et de justesse.
A aucun moment, la direction de Temirkanov n’alourdit la musique, ne surligne les épisodes narratifs.
Mais le reste vaut tous les trésors du monde. Il n’existe sans doute aucun autre pupitre de cordes au monde, sauf peut-être à la Staatskapelle de Dresde, qui témoigne d’une souplesse aussi féline, d’une précision aussi méticuleuse. À cet égard, les grandes bourrasques orchestrales de Schéhérazade resteront inoubliables. En outre, le chef, Yuri Temirakanov, qui connait – comme ses musiciens – par cœur toutes ces musiques fit preuve d’une grande finesse. A aucun moment, sa direction alourdit la musique, ne surligne les épisodes narratifs. Bien au contraire, cette légèrete absolue de la palette, la transparence polyphonique, l’équilibre naturel entre chaque pupitre de l’orchestre, contribue à une plus grande force suggestive ou narrative. Et le violon solo de Sergey Krylov, qui nous aura donné le soir d’après, une vision passionnante du Concerto, d’une élégance permanente, et surtout incroyable par sa volonté de dialogue chambriste avec ses collègues de l’orchestre, instaure des climats dans la suite symphonique de Rimski-Korsakov qui permettent une progression toujours naturelle du discours.
Ce qui sidère au cours de ces deux soirées parisiennes de l’Orchestre Philharmonique de Saint Pétersbourg, c’est le naturel dont font preuve les musiciens russes. Incroyable pupitre de violoncelles, dopé par un chef d’attaque proprement sidérant, dont on se souviendra.
… cette chaleur, ces sonorités soyeuses, rondes et emplies de générosité …
Avec toujours cette chaleur, ces sonorités soyeuses, rondes et emplies de générosité. Sans doute les gens jouent-ils comme ils vivent. Les orchestres parisiens – on pense surtout à ceux de la Radio – font pleurer en comparaison.
Mercredi 25 et vendredi 27 novembre 2009
Orchestre Philharmonique de Saint-Pétersbourg
Yuri Temirkanov
Théâtre des Champs-Elysées, 20h
Photo: (c)DR