En ce 22 janvier (2009), Daniele Gatti revenait à Paris pour diriger l’Orchestre National de France. Programme magnifique, voire même ambitieux pour cet orchestre, qui a oublié qu’une bonne partie de la base de son répertoire restait avant tout les musiques de France et de Russie. Le Tombeau de Couperin de Ravel confirma que le chef italien ne comprend pas la musique française : tempos d’une lenteur insoutenable, tendance à l’effacement des coloris instrumentaux, et surtout un manque d’esprit total. Le Rigaudon final devient une sorte d’allégorie des Folies Bergères, plutôt qu’une subtile évocation des danses du XVIIIe siècle, et encore moins un hommage aux amis de Ravel décédés dans la Grande Guerre.
A contrario, l’œuvre suivante, les Variations sur un thème rococo, de Tchaïkovski, furent splendidement interprétées par le chef et le violoncelliste Antonio Meneses, dont la musicalité naturelle s’exprime toujours avec une grande élégance dans les pièces de nature chambriste. Pour conclure le concert, la Symphonie No. 3 de Prokofiev, le fameux « Ange de Feu ».
Une légère déception nous prit lors de l’écoute. Bien que l’orchestre retrouvât de belles couleurs durant cette exécution, l’interprétation de Gatti manquait de fermeté rythmique, et surtout de ligne générale. A cet égard, le troisième mouvement « Allegro agitato » n’a jamais vraiment commencé, sans doute l’imprécision des cordes dans leurs glissandos freinait-elle la fluidité absolue et le dynamisme organique de cette page étonnante.
Bien souvent, un sentiment de non-élan, de statisme orchestral. Autrefois, Jean Martinon avait gravé une magnifique version, à la fois violente et lumineuse (tout Prokofiev !) de cette symphonie (Vox, 1971), mais à cette époque, il faut bien avouer que le National était d’un tout autre niveau quant à l’homogénéité des pupitres et à l’écoute mutuelle !
LE PROGRAMME DU CONCERT
Maurice Ravel (1875-1937)
Le Tombeau de Couperin
Piotr Ilytch Tchaïkovski (1841-1893)
Variations sur un thème rococo, Op. 33 – pour violoncelle et orchestre
Sergei Prokofiev (1891-1953)
Symphonie No. 3 en ut mineur, Op. 44 (1928) dit « L’Ange de feu »
Antonio Meneses, violoncelle
Orchestre National de France
Daniele Gatti, direction
Photo : © Marco Dos Santos