Jacqueline du Pré oblige, toutes les violoncellistes veulent leur Concerto d’Elgar. Croyant trouver en Sir Simon Rattle l’allié l’idéal, certaine qu’avec les Berliner le décor serait là, Sol Gabetta ose un tempo fou et ne peut plus que survoler une œuvre qui veut la fulgurance certes, mais d’abord la parole. Tout s’effrite, tout se délite, se disperse, ce n’est plus un concerto, ce sont des bribes.
Parfois, on se dit que la publication d’enregistrements en concert met les artistes loin de ce qu’ils feraient, en conscience, en écoute, en simple travail, si on les confrontait à l’ascèse et à la paix du studio. Il n’est pas inutile d’entendre, de soupeser, de corriger, de parvenir. Exit Elgar.
Un mois plus tard, elle se confronte, cette fois sous la baguette de Krzysztof Urbański, au redoutable Concerto que Bohuslav Martinů ouvragea en 1938 pour Pierre Fournier, étoffant l’orchestre.
Le matériel en fut perdu, Martinů le remit sur le métier en 1955, Berlin entendit cette troisième proposition par Karajan en 1957, puis à nouveau avec Fournier et Kubelik, team parfait.
Dans l’habillage lyrique que lui distille le jeune chef polonais, Sol Gabetta retrouve la chair qui manquait tant à son jeu pour Elgar. Le vaste Andante se pare de tragédie, chef-d’œuvre typique du langage ultime de Martinů. C’est bien vu. Et si maintenant, au studio, ensemble, ils nous faisaient la ballade lyrique du Deuxième Concerto ?
LE DISQUE DU JOUR
Sir Edward Elgar (1857-1934)
Concerto pour violoncelle
en mi mineur, Op. 85
Bohuslav Martinů (1890-1959)
Concerto pour violoncelle
No. 1, H. 196
Sol Gabetta, violoncelle
Berliner Philharmoniker
Sir Simon Rattle (Elgar), Krzysztof Urbański (Martinů), direction
Un album du label Sony Classical 8985350792
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Photo à la une : © Marco Borggreve