Au chapitre Asraël, je croyais l’affaire réglée. Malgré Neumann, Pešek, Petrenko, Mackerras, Bělohlávek, Svetlanov, Václav Talich dominait, imparable, fantasque, cruel. Seul Rafael Kubelík en concert avec ses chers Bavarois avaient pu en proposer une toute autre vision.
Pourtant, voici une nouvelle proposition avec laquelle il faudra compter. Tomáš Netopil, avec une formation aussi modeste qu’excellente, enregistre en première mondiale la nouvelle édition réalisée par Jonáš Hájek, pour Barenreiter.
Elle donne à entendre des harmonies plus âpres, des registres de nuances piano plus affinés, ici et là une composition de l’orchestre plus transparente (particulièrement dans l’Adagio), une vêture tirant plutôt vers Janáček qu’évoquant Dvořák. Tomáš Netopil y ajoute des phrasés amples, sostenuto, dont le parfum est assez mahlérien, une façon de réinscrire l’opus majeur de Josef Suk dans le paysage sonore de son époque (1905) et de sa géographie.
Sans renoncer au verbe définitif proclamé par Václav Talich ou au lyrisme irrésistible de Rafael Kubelík, qui veut mieux connaître le texte d’Asraël pourra venir entendre ici, et découvrir un bel orchestre trop peu présent au disque.
LE DISQUE DU JOUR
Josef Suk (1874-1935)
Symphonie No. 2 en ut mineur, Op. 27, « Asraël »
Essener Philharmoniker
Tomáš Netopil, direction
Un album du label Oehms Classics OC1865
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Photo à la une : © DR