Poursuite du voyage des Mandelring chez Brahms. Les voici aux Sextuors, rejoints par l’alto de Roland Glassl et le violoncelle de Wolfgang Emanuel Schmidt.
Comme ils les prennent allègres et chantants, vifs surtout, au point de changer totalement la nature du fameux thème de l’Andante du Premier Sextuor. Plus rien de pathétique, mais un chant qui avance éperdument. C’est si surprenant, si inhabituel, cela remet en pleine lumière cet opus qu’on joue trop ombré habituellement. Les ombres et même les luttes, les Mandelring les réservent au ténébreux Allegro qui ouvre le Deuxième Sextuor. Puis dès le Scherzo, l’élan revient, la lumière, et même la danse qui emportait déjà les deux derniers mouvements du Premier Sextuor.
Le ton de sérénade, l’allant, quelque chose dans les inflexions des rythmes, l’ardeur des accents, la plénitude des chants indiquent qu’ici on est au plein air, absolument plus à la chambre, et c’est bien cette amplification des émotions, des sensations, qu’envisageait Brahms en élargissant son quatuor.
Au lieu de se réfugier dans une lecture polyphonique qui réduirait l’élan, les Mandelring pensent un orchestre imaginaire et de fait leurs cordes sonnent parfois comme des bois, sérénades absolues qui nous entraînent dans la plus solaire mise en évidence qu’aient connue ces deux opus. Il faut avouer que la plénitude de la prise de son les y aide. Et un conseil, commencez plutôt l’écoute avec le Deuxième Sextuor.
LE DISQUE DU JOUR
Johannes Brahms (1833-1897)
Sextuor à cordes No. 1 en si bémol majeur, Op. 18
Sextuor à cordes No. 2 en sol majeur, Op. 36
Roland Glassl, alto
Wolfgang Emanuel Schmidt, violoncelle
Quatuor Mandelring
Un album du label Audite 97715
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Photo à la une : © Uwe Arens