Revenant à Glyndebourne, Le Barbier de Séville s’y trouve habillé de neuf (et relativement en moderne) par Annabel Arden qui le réduit à un spectacle pour rire.
Cela se regarde le sourire aux lèvres, c’est assez bien vu, mais aussi terriblement convenu, même lorsque Enrique Mazzola reprend Bartolo pour sa « Rosine » malvenue dans son air : la fosse qui interjette à la scène, pont aux ânes des metteurs en scène d’aujourd’hui, comme la citation des habitudes du lieu tel le panier de pique-nique qui charme Bartolo au début de l’Acte II. Une bizarrerie : des clavecins qu’on transporte sans cesse où qui choient des cintres. C’est tout.
On regarde pourtant sans s’ennuyer, les chanteurs s’éclatent jusqu’à la caricature (Danielle de Niese en fait des tonnes, ce dont elle aurait pu allégrement se passer, ses charmes suffisent pour faire une très jolie Rosine naturellement piquante), mais Rossini leur pose quelques problèmes.
Si Björn Bürger est magnifique de présence et de voix, vrai timbre de baryton pour Figaro et d’ailleurs plutôt pour celui de Mozart, son Factotum déraille, et on lui a sucré hélas « Cessa di piu resistere », hérésie !
Taylor Stayton a fort à faire avec les vocalises d’Almaviva et le timbre n’est pas des plus séduisants, Alessandro Corbelli fait assaut de style mais semble usé. Janis Kelly est impayable en Berta, mais dans mon souvenir du spectacle parisien de Coline Serreau, Jeannette Fischer était autrement irrésistible. La palme à la très tenue « Calumnia » du Basilio de Christophoros Stamboglis.
Sur tout ce petit monde agité, la Rosine de Danielle de Niese aurait du régner, mais des vocalises incertaines, des aigus étriqués hélas indiquent que ce répertoire n’est déjà plus le sien. Horrible ouverture, massacrée, d’une façon martiale, par Enrique Mazzola qui ensuite prend le contrepied et fait la comédie brillante. On regarde, on entend, on oublie, on regrette le temps où Il Barbiere di Siviglia était une fête et non seulement une farce.
LE DISQUE DU JOUR
Gioacchino Rossini (1792-1868)
Il Barbiere di Siviglia
Danielle de Niese,
soprano (Rosina)
Alessandro Corbelli,
baryton (Bartolo)
Björn Bürger,
baryton (Figaro)
Taylor Stayton,
ténor (Comte Almaviva)
Christophoros Stamboglis, basse (Basilio)
Janis Kelly, soprano (Berta)
The Glyndebourne Chorus
London Phiharmonic Orchestra
Enrique Mazzola, direction
Annabel Arden, mise en scène
François Roussillon, réalisation
Un DVD du label Opus Arte OA1238D
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Photo à la une : © DR