Chaque nouveau disque venu de Munich le confirme : avec l’Orchestre Symphonique de la Radio Bavaroise, Bernard Haitink a retrouvé le rapport naturel, le travail en confiance, l’écoute mutuelle qu’il avait su créer jadis avec le Concertgebouw d’Amsterdam.

Cette Sixième Symphonie de Bruckner, transmuée en une vaste pastorale où les lignes s’épurent dans des éclairages de crépuscule, en est un exemple saisissant. Jamais rien n’y parait sollicité, le discours est d’un bout à l’autre fluide, l’orchestre prenant les dynamiques et les couleurs de l’orgue, développant un vitrail harmonique saisissant d’un bout à l’autre de la partition.

Si bien que depuis Jochum à Dresde, elle n’aura pas sonné avec cette évidence de dessin, cette profondeur dans les timbres, ce naturel fluide des mélodies dont toute tension est exclu. Littéralement, cet orchestre s’envole, l’expérience est envoûtante et montre à quel degré de stylisation l’art d’Haitink est aujourd’hui parvenu. S’il osait mener à bien avec les Bavarois, les nouveaux cycles Bruckner et Mahler, il parachèverait certainement le grand œuvre d’un art dédié d’abord à ces deux compositeurs.

Sommet de ces concerts de mai 2017, le grand nocturne d’un Adagio absolument hors du temps, et presque hors de ce monde, pourtant respiré assez preste, mais dont l’immense phrase des cordes semble atteindre à l’infini.

LE DISQUE DU JOUR

Anton Bruckner (1756-1791)
Symphonie No. 6 en la majeur, WAB106

Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks
Bernard Haitink, direction

Un album du label BR-Klassik 900147
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Photo à la une : © DR