Voilà que Frank Peter Zimmermann nous prend à rebours ! Je l’attendais tonitruant et dansant dans ses Concertos de Bach, il les joue amples, serrés, tenus, brefs d’accents, classiques de ligne, avec derrière les carrures marquées des lignes pleines et longues qui sont tout sauf les signes d’une interprétation historiquement informée.

Non que son violon nous fasse celui de Bach romantique comme même Enesco et Menuhin nous le faisaient, mais il ne joue pas plus le jeu d’un certain baroque. Au contraire, tout y respire un classicisme solaire, élégant, porté par un archet mâle, qui va droit et chante plein mais sans charger.

C’est de bout en bout confondant par l’intensité du propos, la plénitude du chant, la longueur vocale des lignes qui ploient sous l’expression malgré un orchestre sec auquel manque probablement un chef qui l’aurait délesté du regard du violoniste. Mais c’est broutille, et lorsque Serge Zimmermann le rejoint pour le Concerto à deux violons en ut mineur, tout danse, musique merveilleuse comme réglée par un horloger. Lecture hors du temps.

LE DISQUE DU JOUR

Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Concerto pour violon et cordes en la mineur, BWV 1041
Concerto pour violon et cordes en mi majeur, BWV 1042
Concerto pour clavecin et cordes en ré mineur, BWV 1052 (arr. pour violon)
Concerto pour deux clavecins et cordes en ut mineur, BWV 1060 (arr. pour deux violons, d’après la version pour hautbois et violon)

Franz Peter Zimmermann, violon
Serge Zimmermann, violon
Berliner Barock Solisten

Un album du label Hänssler Classic CDHC17046
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Photo à la une : © DR