Novelettes

Un cycle ? Oui , mais surtout un cahier empli du souvenir de Clara, recueil absolument secret et à sa façon d’une tendre éloquence qui aura laissé nombre de pianistes au bord du chemin. Pourtant Karl Engel, Claudio Arrau, Dino Ciani dans ce qui reste un de ses plus admirable albums, auront chacun débusqué et la haute fantaisie et la mélancolie discrète qui animent ces bijoux.

Martin Ivanov les rejoint quasi sur le très beau Steinway boisé qu’il joue ici, effeuillant cette suite avec une sorte de désinvolture, espérant faire oublier les moyens considérables d’un pianiste qui avait commencé au disque avec les Valses de Chopin.

Virtuose il l’est, de doigts, d’esprit, et il sait alléger ce clavier que tant auront alourdi, emporter le Aüsserst rasch, chanter le Sehr lebhaft final sans rien asséner dans son piano si bien éduqué.

Pour les Novelettes, la partie est gagnée d’autant que l’ensemble possède enfin une cohérence comme chez Arrau, se grisant d’un ton de Carnaval, et les couleurs de ce piano !

Pour les Fantasiestücke Op. 12, il manque encore un peu de cette folie qui ne vient qu’aux vieillards, Martin Ivanov s’y surveille même lorsque ses doigts veulent déboutonner le clavier : écoutez le dilemme qui se fait jour dans Traumes Wirren. Broutille, ce jeune homme joue tout avec poésie et simplicité, réduisant les carrures des Novelettes à des chants ailés, et faisant voir l’envers tendre de l’Opus 12 par son toucher sans marteau qui irait comme un gant à Debussy. Qu’un grain de fantaisie lui vienne seulement.

LE DISQUE DU JOUR

Robert Schumann
(1810-1856)
8 Noveletten, Op. 21
Fantasiestücke, Op. 12

Martin Ivanov, piano

Un album du label Gramola 99177
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Photo à la une : © DR