Un chef pour l’opéra, exclusivement pourrait-on croire ? À Rome, à Londres, Antonio Pappano a fait beaucoup, et dans l’excellence, pour rendre le portrait aussi exact que possible, au point de faire oublier des discophiles le travail éclairant qu’il opéra à Rome, ressuscitant l’Orchestra dell’Accademia Nazionale di Santa Cecilia, la formation tant aimée de Victor de Sabata, d’Antonio Guarnieri, de Bernardino Molinari, de Franco Ferrara, lui redonnant plus que son lustre d’antan, une vraie sonorité pour le nouveau siècle, et une ouverture vertigineuse sur le répertoire. Continuer la lecture de Saga Romaine
Tous les articles par Jean-Charles Hoffelé
Parti trop tôt
Pour tous, la postérité de Thomas Schipppers, emporté par un cancer du poumon dans sa quarante-huitième année, reste du côté de l’opéra. Chef lyrique certes, documenté par le disque et le live, et Verdien absolu d’abord. Pourtant EMI Continuer la lecture de Parti trop tôt
Enfers éternels
Le destin vocal de l’Orfeo de Gluck aura fini par échapper à sa voix originelle, ténor, mezzo-soprano ou contralto ont effacé la tessiture du créateur et son nom même. Le temps des contre-ténors venus, ni Deller Continuer la lecture de Enfers éternels
Bon sang
Parmi ses professeurs, Yuri Zhislin mentionne son père, Grigory. Je me souviens de mon étonnement lorsque Frida Bauer me fit entendre la bande où elle l’accompagnait dans les trois Sonates de Brahms : ce ton altier Continuer la lecture de Bon sang
Meurtre
Schönberg résuma son orchestre au moment exact de sa bascule dans deux opus, les Gurrelieder et Pelleas und Mélisande. C’est cette modernité transcendante que fait d’abord entendre la direction vénéneuse de Paavo Järvi. Sachant que Schönberg a voulu coucher dans les portées une illustration fidèle du drame de Maeterlinck (en prenant soin de caractériser chacun des protagonistes du trio amoureux avec un instrument spécifique), Paavo Järvi resserre la partition.
Tempos rapides, orchestre clair jusque dans le plus sombre (Golaud), il débarrasse l’œuvre de ses parfums symbolistes pour en exposer la modernité. Les crescendos névrotiques, l’érotisme délétère, l’implosion de la scène de meurtre, un tel théâtre d’orchestre rappelle le raptus incendiaire du concert viennois de Dimitri Mitropoulos.
Pur contraste, le raffinement de la suite de Fauré, si ourlée, si tendrement respirée, rappelle les années que le chef estonien passa auprès de l’Orchestre de Paris. Il inspire aux Francfortois un éventail de couleurs subtiles qui culmine en émotion dans La mort de Mélisande.
LE DISQUE DU JOUR
Arnold Schönberg
(1874-1951)
Pelleas und Melisande,
Op. 5
Gabriel Fauré (1845-1924)
Pelléas et Mélisande,
Op. 80
Frankfurt Radio Symphony
Paavo Järvi, direction
Un album du label Alpha Classics 1058
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Photo à la une : © DR