Au Théâtre des Champs-Elysées, une soirée d’hiver. De nouveau un immense orchestre, un chef emblématique : les Wiener Philharmoniker sous la direction de Zubin Mehta, dans la Symphonie No. 9 de Bruckner, précédé de la Symphonie No. 104 « Londres » de Haydn. Continuer la lecture de Zubin Mehta : souvenirs brucknériens
Archives de catégorie : Chronique concert
La vie de concert(s). A Paris, en France et à l’étranger.
Les débuts de Gullberg Jensen avec le LPO (Londres)
En cette mi-février 2009, je prenais le train pour Londres, pour entendre le jour de la Saint-Valentin, un concert du jeune chef d’orchestre norvégien Eivind Gullberg Jensen avec le London Philharmonic Orchestra. C’était la première fois que le chef norvégien venait diriger l’orchestre : Prélude et Mort d’Isolde de Wagner, Deuxième Concerto pour piano de Rachmaninov, puis la Neuvième Symphonie de Dvořák, en cette salle inconfortable du South Bank Centre (Royal Festival Hall).
Il me fut impossible de réellement goûter à Tristan – il faut du temps pour s’accommoder à cette acoustique déplorable, qui ne laisse passer aucun son, qui ne nous permet tout simplement pas de prendre part au discours musical. Très frustrant ! (Je me suis rapproché pour la deuxième partie (le Dvořák, ah…)). Ce ne fut point dramatique pour le Rachmaninov, tellement déstructuré par les incapacités techniques du pianiste, Dominic Piers Smith, qui obligeait le chef à prendre des tempos très lents. Le sentimentalisme, la guimauve n’étaient pas très loin.
La Neuvième Symphonie du compositeur tchèque demeura le moment le plus intéressant de la soirée, même si là l’acoustique freine la réception d’au-moins cinquante pour cent du matériau musical ! Au moins Gullberg Jensen impressionne-t-il par son naturel, sa maîtrise architecturale, sa fermeté rythmique (Allegro final).
Ses nombreux concerts parisiens, notamment avec l’Orchestre de Paris nous ont prouvé combien Eivind Gullberg Jensen était fin musicien. Mais il reste encore peu connu des orchestres (son agenda de concerts le voit surtout en Norvège et en Allemagne). Espérons que nous pourrons l’entendre un jour en tournée avec Paris avec un autre orchestre prestigieux !
LE PROGRAMME DU CONCERT
Richard Wagner (1813-1883)
Prélude et Mort d’Isolde (de « Tristan et Isolde)
Sergei Rachmaninov (1873-1943)
Concerto pour piano No. 2 en ut mineur, Op. 18
Antonín Dvořák (1841-1904)
Symphonie No. 9 en mi mineur “Du Nouveau Monde”, Op. 95
Dominic Piers Smith
London Philharmonic Orchestra
Eivind Gullberg Jensen, direction
Londres, Royal Festival Hall (South Bank Centre),
Mercredi 14 février 2009
Photo : © Mat Hennek
Riccardo Chailly : une nouvelle « Ecossaise »
En ce début de février (2009) vinrent à Paris deux orchestres somptueux, inoubliables par leur sonorité. Tout d’abord, le lundi 12 février, ce fut le Gewandhaus de Leipzig sous la direction de son directeur musical, Riccardo Chailly, qui n’a jamais mérité mieux que le qualificatif de « furioso » dont l’a affublé récemment le journal Classica en tête d’un interview. Continuer la lecture de Riccardo Chailly : une nouvelle « Ecossaise »
Philippe Jordan et un Philhar en mauvaise forme
Le vendredi 6 février (2009), Philippe Jordan dirigeait l’Orchestre Philharmonique de Radio France dans un beau programme, composé des Deux Images et du Concerto pour orchestre de Bartók, et du Premier Concerto pour piano de Ludwig van Beethoven, avec comme soliste François-Frédéric Guy. Un beau concert.
Quelle différence de son pour l’orchestre par rapport au jour de Saraste, une semaine auparavant ! Comme quoi le changement de premier violon peut modifier considérablement la couleur générale d’un ensemble de musiciens… Le Beethoven restait finalement le plus convaincant par sa sérénité rayonnante, sa simplicité, la justesse de ses tempos. Cependant, on pouvait reprocher au soliste un jeu assez lisse voire désincarné, qui, par son refus des attaques franches, tendait trop à édulcorer un peu trop le dynamisme inhérent au bouillonnement beethovénien.
Un beau moment de musique tout de même que l’on ne regrette en aucun cas. De même pour le Concerto pour orchestre. S’y manifestait un vrai chef ! L’équilibre dans le sang. Une direction classique, mais formidablement vive, aboutie. Si seulement le Philharmonique de Radio France avait montré une diversité de couleurs plus grande … Aucune crudité, aucun esprit ironique, aucun sens du tragique. Du Bartók gris, trop triste… On attend, impatient, de réentendre Philippe Jordan avec une phalange plus enthousiasmante…
LE PROGRAMME DU CONCERT
Béla Bartók (1881-1945)
Deux Images, Op. 10
Concert pour orchestre
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Concerto pour piano No. 1 en ut majeur, Op. 15
François-Frédéric Guy, piano
Orchestre Philharmonique de Radio France
Philippe Jordan, direction
Paris, Salle Pleyel
Vendredi 6 février 2009
Photo : © DR
Saraste, vibrant Mahler !
En cette fin de janvier 2009, le Finlandais Jukka-Pekka Sarastedirigeait l’Orchestre Philharmonique de Radio France dans la Sixième Symphonie de Gustav Mahler. Une soirée extraordinaire, une interprétation imparfaite, mais très expressive de cet étonnant chef-d’œuvre du maître autrichien.
L’orchestre avait des ailes, il a montré ce soir-là des qualités proches des orchestres germaniques, des pupitres de cordes très homogènes et investies, des bois très caractérisées – seuls les cors montraient leurs difficultés à répondre immédiatement aux volontés du chef (phrasés un peu plats). Mais de toute évidence, Saraste – et comme toujours – a métamorphosé totalement la phalange parisienne, et dès qu’un orchestre retrouve ses couleurs, une interprétation musicale gagne souvent en émotion, même si parfois on peut regretter que Saraste ne veuille pas s’engager un peu plus – le tempo du dernier mouvement est un peu lent, ce qui lui empêche peut-être un plus grand naturel dans les transitions, bien qu’elles restent sensibles et d’une haute tenue.
Il s’avère que j’avais écouté plusieurs fois aux alentours de ce concert la célèbre version Deutsche Grammophon de Leonard Bernstein, inouïe et d’un modernisme visionnaire. Mais à aucun moment, Saraste ne déçoit – sa conception était certes plus classique, sans manque d’ardeur ou de lumière pourtant. Une très belle soirée !
Pour prendre un peu de recul, il est assez étonnant de constater comment Salonen et Saraste, de la même génération, ont une vision bien personnelle du son orchestral, qui n’est pas si éloigné, même si Saraste témoigne d’une férocité dans la matière sonore finalement plus grande – Salonen serait plus soyeux (à cet égard, avoir assisté au concert de Salonen au mois de décembre s’avérait instructif). Voilà deux chefs passés entre les mains de Jorma Panula, comme le plus jeune Gullberg Jensen aujourd’hui, qui pourrait être presque une synthèse de ses deux aînés.
LE PROGRAMME DU CONCERT
Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie No. 6
Orchestre Philharmonique de Radio-France
Jukka-Pekka Saraste, direction
Photo : © DR