Philippe Jordan et un Philhar en mauvaise forme

Le vendredi 6 février (2009), Philippe Jordan dirigeait l’Orchestre Philharmonique de Radio France dans un beau programme, composé des Deux Images et du Concerto pour orchestre de Bartók, et du Premier Concerto pour piano de Ludwig van Beethoven, avec comme soliste François-Frédéric Guy. Un beau concert.

Quelle différence de son pour l’orchestre par rapport au jour de Saraste, une semaine auparavant ! Comme quoi le changement de premier violon peut modifier considérablement la couleur générale d’un ensemble de musiciens… Le Beethoven restait finalement le plus convaincant par sa sérénité rayonnante, sa simplicité, la justesse de ses tempos. Cependant, on pouvait reprocher au soliste un jeu assez lisse voire désincarné, qui, par son refus des attaques franches, tendait trop à édulcorer un peu trop le dynamisme inhérent au bouillonnement beethovénien.

Un beau moment de musique tout de même que l’on ne regrette en aucun cas. De même pour le Concerto pour orchestre. S’y manifestait un vrai chef ! L’équilibre dans le sang. Une direction classique, mais formidablement vive, aboutie. Si seulement le Philharmonique de Radio France avait montré une diversité de couleurs plus grande … Aucune crudité, aucun esprit ironique, aucun sens du tragique. Du Bartók gris, trop triste… On attend, impatient, de réentendre Philippe Jordan avec une phalange plus enthousiasmante…

LE PROGRAMME DU CONCERT
Béla Bartók (1881-1945)
Deux Images, Op. 10
Concert pour orchestre

Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Concerto pour piano No. 1 en ut majeur, Op. 15

François-Frédéric Guy, piano
Orchestre Philharmonique de Radio France
Philippe Jordan, direction

Paris, Salle Pleyel
Vendredi 6 février 2009

Photo : © DR

Saraste, vibrant Mahler !

En cette fin de janvier 2009, le Finlandais Jukka-Pekka Sarastedirigeait l’Orchestre Philharmonique de Radio France dans la Sixième Symphonie de Gustav Mahler. Une soirée extraordinaire, une interprétation imparfaite, mais très expressive de cet étonnant chef-d’œuvre du maître autrichien.

L’orchestre avait des ailes, il a montré ce soir-là des qualités proches des orchestres germaniques, des pupitres de cordes très homogènes et investies, des bois très caractérisées – seuls les cors montraient leurs difficultés à répondre immédiatement aux volontés du chef (phrasés un peu plats). Mais de toute évidence, Saraste – et comme toujours – a métamorphosé totalement la phalange parisienne, et dès qu’un orchestre retrouve ses couleurs, une interprétation musicale gagne souvent en émotion, même si parfois on peut regretter que Saraste ne veuille pas s’engager un peu plus – le tempo du dernier mouvement est un peu lent, ce qui lui empêche peut-être un plus grand naturel dans les transitions, bien qu’elles restent sensibles et d’une haute tenue.

Il s’avère que j’avais écouté plusieurs fois aux alentours de ce concert la célèbre version Deutsche Grammophon de Leonard Bernstein, inouïe et d’un modernisme visionnaire. Mais à aucun moment, Saraste ne déçoit – sa conception était certes plus classique, sans manque d’ardeur ou de lumière pourtant. Une très belle soirée !

Pour prendre un peu de recul, il est assez étonnant de constater comment Salonen et Saraste, de la même génération, ont une vision bien personnelle du son orchestral, qui n’est pas si éloigné, même si Saraste témoigne d’une férocité dans la matière sonore finalement plus grande – Salonen serait plus soyeux (à cet égard, avoir assisté au concert de Salonen au mois de décembre s’avérait instructif). Voilà deux chefs passés entre les mains de Jorma Panula, comme le plus jeune Gullberg Jensen aujourd’hui, qui pourrait être presque une synthèse de ses deux aînés.

LE PROGRAMME DU CONCERT
Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie No. 6

Orchestre Philharmonique de Radio-France
Jukka-Pekka Saraste, direction

Photo : © DR

Daniele Gatti, un Prokofiev un rien pâle !

En ce 22 janvier (2009), Daniele Gatti revenait à Paris pour diriger l’Orchestre National de France. Programme magnifique, voire même ambitieux pour cet orchestre, qui a oublié qu’une bonne partie de la base de son répertoire restait avant tout les musiques de France et de Russie. Continuer la lecture de Daniele Gatti, un Prokofiev un rien pâle !