En 1958, pour les sessions traditionnelles du printemps au Victoria Hall, qui ont lieu cette année-là entre le 1er et le 23 avril, Ernest Ansermet décide d’enregistrer notamment les Tableaux d’une exposition de Moussorgski dans l’orchestration de Ravel, ainsi que La Valse de ce dernier. Le chef était apparemment mécontent du résultat, et ces bandes n’ont jamais été publiées ; le directeur de la Suisse Romande refit donc plus tard, en novembre 1959 les Tableaux, et, d’une suprême manière en avril 1963, l’œuvre de Ravel. Continuer la lecture de Moussorgski, les Tableaux : l’univers rugueux d’Ansermet
Rimski-Korsakov – Ansermet : un orchestre aux saveurs crues
Ce double album contient des gravures célèbres d’Ansermet dans la musique de Nikolaï Rimski-Korsakov. De la suite symphonique Antar, véritable chef-d’œuvre du compositeur russe, le chef suisse donne une interprétation intense et dramatique, étonnamment noire et tragique – écoutez les cuivres. Ce furent en réalité les premières sessions stéréophoniques de la compagnie anglaise. L’idée en revient au responsable des opérations techniques des studios de West Hampstead, Arthur Haddy, qui souhaitait enregistrer les prochaines sessions de la Suisse Romande au moyen d’un nouveau système de captation du son. Il convia l’ingénieur Roy Wallace, réputé pour sa compréhension de ces toute récentes techniques, à se rendre en Suisse pour la direction opérationnelle des séances d’enregistrement. Quelques semaines plus tard, Ansermet, écoutant les prises d’Antar (le 13 mai 1954), fut enchanté du résultat final : « C’est magnifique, remarquable, comme si j’étais resté tranquillement à mon bureau ! », dit-il, et en dix ans, les stéréophonies de Decca atteindront un niveau encore aujourd’hui insurpassé. Continuer la lecture de Rimski-Korsakov – Ansermet : un orchestre aux saveurs crues
Brahms par Ansermet : sous une douce lumière
Voici le grand œuvre d’Ansermet pour son 80ème anniversaire. Il s’offrit une intégrale des Symphonies et Ouvertures de Brahms, compositeur qu’il affectionnait tout particulièrement, et dont il donna à la fin de son existence des interprétations magistrales. Ainsi, dans son essai biographique (Ernest Ansermet, pionnier de la musique, chez L’Aire musicale), François Hudry se souvient de la Quatrième donnée le 2 février 1968 au Victoria Hall (« notre plus grande émotion musicale … interprétation pétrie d’humanité ») par le chef, alors de retour d’une tournée aux Etats-Unis où il avait également interprété cette partition (à New York). Continuer la lecture de Brahms par Ansermet : sous une douce lumière
Rimski-Korsakov par Ansermet (I)
Ernest Ansermet grava Schéhérazade de Rimski-Korsakov à trois reprises, deux fois à Paris, en 1948 et 1954, la dernière à Genève en 1960. Il s’agit ici de la seconde, qui constitua également la première prise de son stéréophonique de Decca à Paris (décidément, Ansermet est l’homme des premières en ce domaine!).
Cette deuxième interprétation avec la Société des Concerts du Conservatoire est totalement différente de la gravure avec L’Orchestre de la Suisse Romande, d’une finesse incomparable dans les accentuations, les phrasés, et aussi d’une liberté imaginative incroyable – les solos si expressifs, inoubliables, de Lorand Fenyves.
Extraordinaires Sibelius & Rachmaninov d’Ansermet (1963, 1954)
A ne pas mettre entre les mains des cœurs fragiles. Depuis nos précédents articles, notre enthousiasme vis-à-vis de la stupéfiante Quatrième de Sibelius d’Ansermet et de l’orchestre genevois en 1963 ne s’atténue pas. Les interrogations fusent : comment peut-on donner une vision aussi rauque et noire avec un orchestre si naturellement lumineux et ensoleillé ? Ecoutez les Brahms des mêmes sessions et le début de Sibelius !, … le monde a basculé. Comment Ansermet arrive-t-il à suggérer cette impression de malaise psychologique croissant ? Le tempo très modéré du dernier mouvement n’en est pas la seule explication. Le travail du chef sur les couleurs, les textures et les oppositions orchestrales est prodigieux de bout en bout, tel ce premier accord qui installe d’emblée un climat d’incertitude harmonique inoubliable – l’oreille y perçoit méticuleusement tous les instruments employés (ah, les bassons français!).
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