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Ephémère

Lorsque Anshel Brusilow forma au printemps de 1961 son orchestre de chambre avec ses amis de l’Orchestre de Philadelphie, dont il était alors le « concertmaster », se doutait-il des difficultés successives qui allaient mettre un terme prématuré à sa belle entreprise ? Continuer la lecture de Ephémère

L’archet du Roi

David Oistrakh, l’entendant gamin, le prit sous son aile. Jean Ter-Merguerian trouva en lui plus qu’un professeur, un second père : il lui donna sa majestueuse technique d’archet qui bluffa tous ses collègues et lui valut de remporter le Long-Thibaud en 1961 Continuer la lecture de L’archet du Roi

Second souffle

Nouvelle donne : en 1961, un tournant se prenait à Bayreuth, Wieland laissait le Ring à Wolfgang, Rudolf Kempe imposait son orchestre marmoréen, objectif, presque froid, loin des humanités de Knappertsbuch et de Keiberth et refusant aussi la lumineuse incandescence si futuriste de Clemens Krauss (Pierre Boulez lui ne l’oubliera pas), les équipes changeaient, le règne de Nilsson commençait, Windgassen échangeait Siegfried contre Siegmund.

En 1961, plus encore que durant l’été précédent, c’est l’empreinte de Rudolf Kempe qui s’imprime partout, temps long dès le Rheingold, maîtrise de l’architecture, glacis d’un orchestre par strates ; depuis son Ring de Covent Garden 1957, il avait imposé sa battue imperturbable, mais quelques nouveaux venus le bousculent : la Fricka furibonde de Regina Resnik qui incendie sa scène au Rheingold, la sensualité dorée de la Sieglinde de Crespin (sa plus belle car sa plus libre), le Wotan âpre et noble de Jerome Hines qui ose plus encore qu’en 1960 imposer ses récits libres.

La méthode Kempe parvient à ses fins dans un Götterdämmerung d’une noirceur radicale où le diamant brut de Birgit Nilsson semble épuiser par sa perfection tous les défis de Wagner, mais la Brünnhilde de Walküre est plus insensée encore, et c’est Astrid Varnay qui l’enflamme : il faut l’entendre à l’Acte III face à Jerome Hines : simplement immense d’humanité.

Une merveille dans ce Ring, et qu’il faut saisir ici : dans Siegfried, le Wanderer de James Milligan, baryton-basse canadien, voix sublime, acteur génial. Quelques mois plus tard, son cœur lâchait, nous privant de son Wotan que Bayreuth espérait.

LE DISQUE DU JOUR

Richard Wagner (1813-1883)
Der Ring des Niebelungen, WWV 86

Astrid Varnay, soprano
Birgit Nilsson, soprano
Régine Crespin, soprano
Regina Resnik, mezzo-soprano
Grace Hoffmann, mezzo-soprano
Marga Höffgen, contralto
Hans Hopf, tenor
Gerhard Stolze, ténor
Fritz Uhl, ténor
Thomas Stewart, baryton
Gottlob Frick, basse
Jerome Hines, basse

Chor und Orchester der Bayreuther Festspiele
Rudolf Kempe, direction
Enregistré à Bayreuth en 1961

Un coffret de 13 CD du label Orfeo C928613Y
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Photo à la une : © DR