La suractivité rythmique de la syntaxe Tansman appelait naturellement la danse, mais la danse moderne, foxtrots épicés de jazz, tangos pervertis, valses instables. Les ballets, cette part décisive de son catalogue des années trente sont le vrai sujet de ce disque qui en offre les brillantes réductions pour piano à quatre mains réalisées par le compositeur.
C’est peu d’écrire qu’Anna Wielgus-Nowak et Grzegorz Nowak emportent avec brio, et surtout avec le grain de folie nécessaire les micros-épisodes qui forment le trame du Train de nuit, partition géniale où, à l’orée des années cinquante, Tansman regarde en arrière, résumant la parenthèse enchantée de l’entre-deux-guerres par un fabuleux pied de nez.
Cette vitalité irrépressible, ce motorisme impertinent qui fascinent tant dans Le Train de nuit emplissaient déjà, avec des espaces de songes éveillés en plus, La Grande ville, dont le compositeur tire trois épisodes simplement irrésistibles : La rue a un petit air Gershwin.
Autre regard en arrière, la Fantaisie très libre où il promène son piano dans quelques souvenirs de Valses de Johann Strauss avec le sentiment que ce monde là est vraiment perdu, partition troublante au possible, l’envers des deux cahiers de Fugues, celui de 1942 si moderniste, des fugues au carré, celui de 1938, paraphrase surprenante où le piano semble inviter le souvenir des orgues de Bach.
Interprétations superlatives pour un disque plus qu’utile.
LE DISQUE DU JOUR
Alexandre Tansman
(1897-1986)
Le Train de nuit
La Grande ville
Fantaisie sur les Valses de Johann Strauss
3 Fugues
Introduction et Fugue
Novi Piano Duo
Anna Wielgus-Nowak, piano
Grzegorz Nowak, piano
Un album du label DUX Records 1969
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Photo à la une : les deux membres du – Photo : © Piotr Markowski