Martin Rasch, pianiste et pédagogue estimé de l’autre coté du Rhin, est l’homme des cycles : il ne conçoit le concert qu’à la manière des anciens marathoniens du clavier, qui jouaient en des séries de concerts tout leur Bach Continuer la lecture de Ernst (sérieux)
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L’Ouverture perdue
On croyait cette captation de l’Ouverture de Manfred perdue, la voici enfin retrouvée, prélude enfiévré à ce concert lucernois dont le reste du programme était bien connu et fut parfois édité. Les zélateurs de Furtwängler auront souligné à juste titre l’éloquence de cette soirée du 26 août 1953 où le chef allemand renouait avec les fulgurances de ses concerts de l’entre-deux guerres, et en effet toute une certaine radicalité de son art y paraît, qui veut produire à chaque instant une émotion irrépressible quitte à brusquer les textes.
Sommet du concert, une Eroica à tomber, violente, âpre, emmenée avec un panache fou dès les premières mesures de l’Allegro con brio. Elle culmine dans une Marche funèbre terrible de noirceur et un Finale construit comme un inexorable crescendo, cravaché, tout en élan. La 4e Symphonie de Schumann n’est pas en reste, si affirmée dans ses cadences, si rythmée au point que le chant s’inféode toujours à cette battue qui ne laisse rien dans l’ombre tout en suggérant des paysages aux arrière-plans complexes : Furtwängler entendait mieux que beaucoup d’autres les subtilités si particulières de l’orchestre du compositeur de Genoveva (seul Hermann Abendroth l’égalait ici). Le pont entre les deux derniers mouvements reste toujours aussi surprenant, jumeau de celui capté au studio par Deutsche Grammophon.
Si ce concert splendide est resté en marge de la discographie, c’est qu’on aura reproché au Schweizerisches Festspielorchester (aujourd’hui l’Orchestre du Festival de Lucerne), tout emmené qu’il fut ici par Michel Schwalbé, ne pouvoir prétendre à la cohésion des Berlinois ou des Viennois.
Mais l’édition restitue enfin les bandes originales et leur acuité sonore change radicalement la donne, débarrassant des scories des copies précédentes la sonorité si puissante d’une formation qui fait corps avec la battue si mobile de Furtwängler, au point que plus d’une fois cette adéquation semble proche d’un certain idéal.
LE DISQUE DU JOUR
Robert Schumann (1810-1856)
Manfred, Op. 115 – Ouverture
Symphonie No. 4 en ré mineur, Op. 120
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Symphonie No. 3 en mi bémol majeur, Op. 55 “Eroica”
Schweizerisches Festspielorchester
Wilhelm Furtwängler, direction
Un album de 2 SACD du label Audite 23441
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Photo à la une : Wilhelm Furtwängler, dirigeant les Wiener Philharmoniker – Photo : © DR
Les Sonates impossibles
Ni Vladimir Sofronitzky ni Vladimir Horowitz n’auront gravé toutes les sonates de Scriabine, laissant le champ libre aux pianistes modernes qui s’y sont confrontés à loisir, Roberto Szidon posant, l’exemple de Michael Ponti en tête, le mètre-étalon d’un Scriabine résolument moderniste, tout en angles Continuer la lecture de Les Sonates impossibles
Grand écart
Franziska Pietsch avait signé une version stupéfiante des Sonates, la voici abordant les Concertos du même archet tranchant et plein, moins vert, moins âpre. L’orchestre embellirait-il sa sonorité naturellement mordante ?
Pour les moments éthérés du Premier Concerto que Prokofiev Continuer la lecture de Grand écart
Acéré
Stravinski écrivant pour le violon avait un modèle, Samuel Dushkin, sonorité de crin, archet grelot, qui tranchait net dans les notes. Tout ce qu’il destina à cet instrument s’y réfère Continuer la lecture de Acéré