Archives par mot-clé : Béla Bartók

Thirties

Gil Shaham tente une aventure un rien périlleuse : revenir, en l’élargissant parfois, à ce répertoire d’élection où il triompha d’abord sous étiquette Deutsche Grammophon : l’abondante littérature que le violon inspira aux compositeurs durant l’entre-deux guerres. Continuer la lecture de Thirties

Jeunesses

Un jeune pianiste dont les premières notes au disque sont celles des Noctuelles ne pouvait que me séduire. Mais Fabian Müller, vingt-quatre ans, allemand, passé entre les mains de Pierre-Laurent Aimard et de Tamara Stefanovitch à la Musikhochscule de Cologne, a fait bien plus, il m’a forcé à rouvrir la partition des Miroirs, merveille de calligraphie dont les paysages, les songes et les caractères s’animent soudain. Continuer la lecture de Jeunesses

La secrète jeunesse de Witold

Évidemment, le Concerto pour orchestre avouait déjà le fort tropisme bartokien du jeune Lutoslawski. Les œuvres pour piano rassemblées ici par le piano clair et éloquent de Corinna Simon confirment cette filiation revendiquée : les Chants de bergers de 1952, les Mélodies folkloriques de 1945, les deux Études de 1941 pourraient être du Bartók, absolument, il y a juste une consonance plus classique, quelque chose de plus droit, de plus nu que les Pièces pour les enfants de 1953 ne renient en rien.

Donc, le piano de Lutoslawski, objet de sa jeunesse, sera resté sourd aux prospectives ouvertes dans les œuvres d’orchestre, il reste si faussement naïf, comme un refuge, une sorte d’éden dont Corinna Simon brosse les paysages avec un naturel et un plaisir sans nuages.

Mais à la fin de son disque, elle révèle une merveille, la grande Sonate de 1934, partition d’un lyrisme étreignant, où un poète des timbres paraît, qui invente un vaste rêve de clavier entre l’onirisme debussyste et les traits obsessionnels de la Sonate de Berg ou de celles de Szymanowski.

La qualité intrinsèque de cette musique m’a cueilli, la beauté de son écriture, les plans successifs de ses horizons sonores rendent incroyables sa rareté au disque, son absence au concert. Corinna Simon a eu mille fois raison de la révéler en lui prêtant son toucher inventif et ses conceptions éclairantes. Espérons qu’elle fera école !

LE DISQUE DU JOUR

cover luto corinna simonWitold Lutoslawski (1913-1994)
L’Œuvre intégrale pour piano
Shepherds Songs
2 Études pour piano
12 Mélodies populaires
3 Pièces pour la jeunesse
Invention
Sonate pour piano

Corinna Simon, piano

Un album du label AVI-Music 8553341
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Photo à la une : © Opakakoloela