Archives par mot-clé : Béla Bartók

Konzertmeister

Bernard Haitink a eu le temps de rédiger l’hommage qui ouvre le beau livret : Hermann Krebbers fut au long des décennies 1960-1970 son premier violon, archet intense, grande sonorité, beaucoup d’aplomb et autant de poésie. Continuer la lecture de Konzertmeister

Panthéisme

Au cœur de la Grande Guerre, Karol Szymanowski s’échappa dans sa chère mythologie grecque. Mythes ne comporte aucun écho du conflit mondial : c’est l’œuvre d’un esthète qui repousse les frontières du langage musical, indifférent à la folie du monde. Continuer la lecture de Panthéisme

Alma brasileira

Quel ton mortifère pour ouvrir le Cinquième Chôro ! et qui rendra la danse indienne incongrue, vite refermée par le retour de ce fondu au noir. Bien plus que la classique saudade, et d’ailleurs ce disque ne présente pas le visage le plus ouvert du piano de Villa-Lobos Continuer la lecture de Alma brasileira

Folklore imaginé

La déploration avec orage qui ouvre les Cinq Chants populaires hongrois, habillé d’un orchestre atmosphérique et sombre, reste une des plus saisissantes page du catalogue vocal de Béla Bartók. Qui lui donna une telle intensité ? Julia Hamari, dont le chant angoissé de Magdalena Kožená semble se souvenir. Son mezzo plus leste saisira avec tout le piment nécessaire la troisième chanson, dans le luxe de timbres et de piques que Sir Simon Rattle tire des Pragois. Magnifique !, car son geste est intimement accordé à l’art de son épouse, qui sait dire autant que chanter.

La haute fantaisie qu’elle met au cycle de Berio où son art polyglotte n’a rien à envier à celui de Cathy Berberian en magnifie les adaptations infiniment savantes, son art évocateur culminant dans la chanson à la lune arménienne, cette façon d’empoigner le texte et d’étendre du même geste la ligne vocale… mais écoutez l’humour mordant, le timbre fier, la langue pimentée dont elle pare la fabuleuse Chanson d’adresse azerbaïdjanaise, sur le tambourin si caucasien que lui font les Tchèques.

Les Chansons grecques de Ravel sont divines de fantaisie, d’humour, de poésie et dans un si beau français !, avec toutes les épices d’un orchestre dont l’imaginaire se surpasse au long des exotiques Chansons nègres de Montsalvatge : ce charme, cet esprit, je ne les avais plus retrouvés ici depuis l’enregistrement de Victoria de los Ángeles.

Et si de Prague ils nous donnaient, pour poursuivre dans les merveilles de ce folklore imaginaire, tous les Chants d’Auvergne de Canteloube ? Magdalena Kožená m’a tenté avec ceux inclus dans le cycle de Berio : l’ambre du timbre, les mots si justes, la voix si flexible, tout la désigne pour être au disque la nouvelle interprète de ces merveilles.

LE DISQUE DU JOUR

Folk Songs

Béla Bartók (1881-1945)
Cinq chants populaires
hongrois, Sz. 101, BB 108

Luciano Berio (1925-2003)
Folk Songs
Maurice Ravel (1875-1937)
Cinq mélodies populaires grecques, M.A 9, 10, 4, 5, 11
Xavier Montsalvatge (1912-2002)
5 Canciones negras

Magdalena Kožená, mezzo-soprano
Orchestre Philharmonique Tchèque
Sir Simon Rattle, direction

Un album du label Pentatone PTC5187075
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Photo à la une : la mezzo-soprano Magdalena Kožená –
Photo : © Julia Wesely