Premier geste discographique après son intronisation en tant que directeur musical des Berliner : la 5e Symphonie de Gustav Mahler. C’était à la fois faire allégeance au magister de Claudio Abbado, dont Mahler fut toujours le sujet, et acte d’émancipation. Continuer la lecture de Berlinade
Archives par mot-clé : Berliner Philharmoniker
Symphonie-miroir
Avec les Berliner Philharmoniker, voici trente-sept ans, Sir Simon Rattle s’immergeait dans le brasier de la 6e. Quelle expérience !, qui confirmait l’ardeur insensée déjà si décisive de son enregistrement de studio à Birmingham. Continuer la lecture de Symphonie-miroir
Les La mineur
Les esprits chagrins maugréent devant le couplage classique des deux concertos romantiques en la mineur, pour moi c’est une madeleine, Geza Anda, les Berliner Philharmoniker, Rafael Kubelik furent mes premiers et dans la mémoire de bien des discophiles, les deux opus sont devenus indissociables, l’un éclairant l’autre, disposés chacun à l’alpha et à l’oméga de l’apogée du Romantisme.
Elisabeth Leonskaja ne craint pas de les réunir à nouveau, les différenciant avec art malgré l’unité de style qu’elle y met. Son Schumann ne refuse pas les élans, et dans le corps des accords, dans ce grand piano passent plus d’une fois l’ombre, et surtout la plénitude de Brahms, dont elle fut au sommet de son art une interprète majeure des Concertos. Grand jeu, grand style, sans une once d’atermoiement, mais avec un lyrisme qui s’affirme dans une cadence d’une maîtrise bluffante. Les Lucernois sont à son diapason, épiques, concentrés, mariant idéalement leurs timbres sombres à ceux si boisés d’un admirable piano hélas non documenté.
Pas un gramme de sentiment dans le Grieg, que tant auront pris en dessous de son espressivo empli de paysages, n’y entendant pas la grande ballade épique que la pianiste y magnifie dans l’ampleur de ses phrasés, le jeu altier, une sorte de sévérité sans raideur qui fait chanter l’Allegro molto de l’intérieur et donnera au Finale son ton de grand caprice un peu fantasque, sans jamais que rien n’y racole, d’autant que les timbres opulents des souffleurs et le geste sans rubato du chef le font avancer droit.
Le plus beau moment du disque ? L’Adagio du Grieg, rêve éveillé d’une limpidité hypnotique, où tout l’art de cette pianiste pour les pianistes paraît.
LE DISQUE DU JOUR
Robert Schumann
(1810-1856)
Concerto pour piano et orchestre en la mineur, Op. 54
Edvard Grieg (1843-1907)
Concerto pour piano et orchestre en la mineur, Op. 16
Elisabeth Leonskaja, piano
Luzerner Sinfonieorchester
Michael Sanderling, direction
Un album du label Warner 5954197837838
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Photo à la une : la pianiste Elisabeth Leonskaja – Photo : © Marco Borggreve
Le temps de la conquête
Au début des années 1950, Herbert von Karajan entrait dans sa fastueuse quarantaine. Les années sombres étaient derrière lui, le Symphonique de Vienne lui faisait les yeux doux et Salzbourg Continuer la lecture de Le temps de la conquête
L’autre héritage
Voici six ans Eloquence regroupait tous les Fontana de Karel Ančerl. Les sessions viennoises de 1958 et 1959, avec des Wiener Symphoniker dont il métamorphose la sonorité d’ensemble, sont passées aux oubliettes face à la légendaire série de ses gravures avec la Philharmonie Tchèque pour Supraphon. Injustice qu’augmente encore la modestie du legs, alors même qu’il comble une lacune à son répertoire discographique.
Sujet principal, Tchaikovski. Une fulgurante Quatrième Symphonie, dessinée dans ses moindres détails, suffirait à commander l’achat de l’ensemble où seule l’Ouverture « 1812 » doublonne avec les gravures pragoises. Mais une fabuleuse Suite de Casse-noisette, qui montre tout un fascinant théâtre mécanique, un Roméo et Juliette courant à l’album, la Suite de La Belle au bois dormant au vrai ton de conte, sinon des pages du Lac des cygnes amoindries par un premier violon asthmatique sont autant marquées au sceau de sa direction électrique, sculptées par sa pointe sèche implacable.
Une Nouveau monde ténébreuse, des Danses slaves (tout l’Opus 46) cambrées complètent cette trop brève échappée-belle viennoise, Cyrus Meher-Homji ayant eu la bonne idée de respecter le couplage original du microsillon Fontana où Tibor Paul et les Wiener Symphoniker épiçaient d’une bonne dose de paprika huit Danses hongroises de Brahms.
Le sommet est pourtant ailleurs, parmi l’encore plus brève collaboration avec l’étiquette jaune. Historique par sa noirceur entre sarcasme et désespoir, la 10e Symphonie de Chostakovitch, enregistrée avec la Philharmonie Tchèque à la Herkulessaal de la Résidence de Munich en octobre 1955, comme son unique enregistrement avec les Berliner Philharmoniker, le Concerto pour violon d’Igor Stravinski que je vantais récemment à l’occasion de la parution de l’édition Schneiderhan (voir ici) cèdent le pas devant le Requiem de Dvořák enregistré au Rudolfinum durant l’hiver 1959 : lecture étreignante entre glace et émotion. La rencontre d’un quatuor de solistes très Deutsche Grammophon (Maria Stader, Sieglinde Wagner, Ernst Haefliger, Kim Borg) avec les forces de Prague ajoute une dimension expressionniste, une noirceur qu’arde Karel Ančerl – simplement l’un de ses plus grands disques.
LE DISQUE DU JOUR
Karel Ančerl Edition
Complete Recordings on Philips and Deutsche Grammophon
CD 1
Piotr Ilyitch Tchaikovski (1840-1893)
Le Lac des cygnes – Suite, Op. 20a, TH 219 (version A, Nos. 1 à 5)
La Belle au bois dormant – Suite, Op. 66a, TH 234
CD 2
Piotr Ilyitch Tchaikovski (1840-1893)
Casse-noisette – Suite, Op. 71a, TH 35
Sérénade pour cordes en ut majeur, Op. 48, TH 48 (extrait : II. Valse)
Roméo et Juliette, ouverture-fantaisie, TH 42
em>Marche slave, Op. 31
CD 3
Piotr Ilyitch Tchaikovski (1840-1893)
Ouverture « 1812 », Op. 49, TH 49
Symphonie No. 4 en fa mineur, Op. 36, TH 27
CD 4
Antonín Dvořák (1841-1904)
Symphonie No. 9 en mi mineur, Op. 95, B. 178 « Du nouveau Monde »
Bedřich Smetana (1824-1884)
Vltava (La Moldau), JB 1:112/2
CD 5
Antonín Dvořák (1841-1904)
8 Danses slaves, 1ère série, Op. 46, B. 83
Johannes Brahms (1833-1897)
Danses hongroises, WoO 1 (7 extraits : Nos. 1-3, 5-7, 10)*
*Tibor Paul, direction
CDs 6-7
Antonín Dvořák (1841-1904)
Requiem, Op. 89, B. 165
Maria Stader, soprano – Sieglinde Wagner, contralto – Ernest Haefliger, ténor – Kim Borg, basse – Choeur Tchèque de Prague
CD 8
Igor Stravinsky (1882-1971)
Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, K 075
Wolfgang Schneiderhan, violon
Sergei Prokofiev (1891-1953)
Sonate pour violon et piano No. 2 en ré majeur, Op. 94bis
Wolfgang Schneiderhan, violon – Carl Seeman, piano
CD 9
Dmitri Chostakovitch (1841-1904)
Symphonie No. 10 en mi mineur, Op. 93
Wiener Symphoniker (CDs 1-5)
Orchestre Philharmonique Tchèque (CDs 6-7, 9)
Berliner Philharmoniker (CD 8)
Karel Ančerl, direction (sauf Brahms, CD 5)
Un coffret de 9 CD du label Decca 4843778 (Collection Eloquence Australia)
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Photo à la une : le chef d’orchestre Karel Ančerl – Photo : © DR