L’alto fut pour Brahms d’abord une voix, et les deux Sonates qu’il lui destina des lieder, infiniment redis, mélodies d’abord, ce que les altistes n’entendirent pas forcément : depuis William Primrose on les joue en grand son. Antoine Tamestit ne l’entend pas ainsi Continuer la lecture de Vocal
Archives par mot-clé : Cédric Tiberghien
Sexuel
Tardivement, Sviatolav Richter s’immergea dans l’œuvre de Karol Szymanowski, se rappelant qu’Heinrich Neuhaus lui avait montré les partitions de celui qui était son cousin germain. Les cahiers des Métopes et de Masques Continuer la lecture de Sexuel
Sonates d’automne
Beethoven fut leur première rencontre au disque (pour le label du Wigmore Hall) avant qu’ils ne s’engagent dans leur grande traversée mozartienne, puis les voici abordant la trilogie de Brahms.
Avec les années, le piano de Cédric Tiberghien a pris ce corps profond, cette densité, parachevant la plénitude d’une sonorité qu’il modèle en une palette pleine de sfumato : pour les clairs-obscurs qui ouvrent la Sonate en sol majeur, ce clavier a des replis dans les pianissimos, des suspensions où s’engage l’archet immatériel d’Alina Ibragimova, quasi une flûte par instants. Quel panthéisme !, jusqu’à ces pizzicatos qu’on croirait des gouttes de pluie. Continuer la lecture de Sonates d’automne
Théâtre de violon
Après Beethoven, Mozart. L’étrange voyage à rebours effectué par Isabelle Faust et Alexander Melnikov va droit au cœur de ces sonates où Mozart le premier mit les deux plateaux de la balance à égalité : le violon et le pianoforte allaient de concert inventer Continuer la lecture de Théâtre de violon
Pour l’archet d’Ysaÿe
Susciter des chefs-d’œuvre, Eugène Ysaÿe en fut coutumier, il est le héros du nouvel album qu’Alina Ibragimova et Cédric Tiberghien font paraître après leur grand voyage chez Mozart.
Son Poème élégiaque, inspiré par la scène au tombeau de Roméo et Juliette ouvre ce disque et vient rappeler quel compositeur d’importance il fut, avant même d’être l’inspirateur et l’interprète de génie que l’on sait. Il avait le don de créer un univers poétique hypnotique que l’archet de la violoniste saisit dans toutes ses nuances : le paysage qu’elle compose avec le piano éolien de Cédric Tiberghien à la fin de l’œuvre me poursuit de son long trille fuligineux.
La Sonate de Franck évite toute hystérie, sans pourtant rien perdre de son pouvoir d’émotion, la sonorité creusée du violon, le piano orchestral mais sans tapage, tout conduit à produire une lecture intériorisée qui suspend le temps dans le Recitativo-Fantasia, aux teintes fauréennes ici : quel art du pianissimo !
Vingt ans plus tard, Ysaÿe se tournait vers un autre organiste : Vierne lui écrirait-il une sonate ? Ysaÿe y mit son grain de sel, la partie de violon est étourdissante. Vierne, se prenant au jeu, écrivit une œuvre brillante, capricieuse de rythmes, pleine de surprises harmoniques, avec une magnifique partie de piano – pensée pour Raoul Pugno – que Cédric Tiberghien fait sonner avec des raffinements que peu y auront mis jusque-là alors que le l’archet d’Alina Ibragimova danse avec ivresse ou rêve, nostalgique à souhait. Heureux Vierne dont cette Sonate trop longtemps restée peu courue malgré les efforts de Jean Moulière et de quelques autres, aura suscité récemment deux belles versions, celle-ci et celle d’Elsa Grether et François Dumont.
En postlude, quelle jolie idée d’avoir placé la berceuse en train de s’endormir qu’est le tendre Nocturne de la grande Lili, pur instant de poésie, comme tout ce disque !
LE DISQUE DU JOUR
Eugène Ysaÿe (1858-1931)
Poème élégiaque, Op. 12 (version pour violon et piano)
César Franck (1822-1890)
Sonate pour violon et piano en la majeur, FWV 8
Louis Vierne (1870-1937)
Sonate pour violon et piano en sol mineur, Op. 23
Lili Boulanger (1893-1918)
Nocturne pour violon et piano
Alina Ibragimova, violon
Cédric Tiberghien, piano
Un album du label Hypérion CDA68204
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Photo à la une : le pianiste Cédric Tiberghien et la violoniste Alina Ibragimova – Photo : © DR