À compter du XXIe siècle, Jörg Demus enregistra volontiers pour le label viennois Gramola qui lui réservait toujours de très beaux instruments et lui arrangeaient des sessions plutôt nocturnes qu’il appréciait tant, souvent en compagnie de Paul Badura-Skoda Continuer la lecture de L’alliance des âges
Archives par mot-clé : César Franck
Dire et chanter
Blanche Selva, jouant Prélude, Choral et Fugue, y inventait un petit orchestre, reniant la grisaille d’orgue que tant de pianistes voudront y faire entendre, prisonniers de l’image du « Père Franck », dénomination odieuse. Continuer la lecture de Dire et chanter
Pour l’archet d’Ysaÿe
Susciter des chefs-d’œuvre, Eugène Ysaÿe en fut coutumier, il est le héros du nouvel album qu’Alina Ibragimova et Cédric Tiberghien font paraître après leur grand voyage chez Mozart.
Son Poème élégiaque, inspiré par la scène au tombeau de Roméo et Juliette ouvre ce disque et vient rappeler quel compositeur d’importance il fut, avant même d’être l’inspirateur et l’interprète de génie que l’on sait. Il avait le don de créer un univers poétique hypnotique que l’archet de la violoniste saisit dans toutes ses nuances : le paysage qu’elle compose avec le piano éolien de Cédric Tiberghien à la fin de l’œuvre me poursuit de son long trille fuligineux.
La Sonate de Franck évite toute hystérie, sans pourtant rien perdre de son pouvoir d’émotion, la sonorité creusée du violon, le piano orchestral mais sans tapage, tout conduit à produire une lecture intériorisée qui suspend le temps dans le Recitativo-Fantasia, aux teintes fauréennes ici : quel art du pianissimo !
Vingt ans plus tard, Ysaÿe se tournait vers un autre organiste : Vierne lui écrirait-il une sonate ? Ysaÿe y mit son grain de sel, la partie de violon est étourdissante. Vierne, se prenant au jeu, écrivit une œuvre brillante, capricieuse de rythmes, pleine de surprises harmoniques, avec une magnifique partie de piano – pensée pour Raoul Pugno – que Cédric Tiberghien fait sonner avec des raffinements que peu y auront mis jusque-là alors que le l’archet d’Alina Ibragimova danse avec ivresse ou rêve, nostalgique à souhait. Heureux Vierne dont cette Sonate trop longtemps restée peu courue malgré les efforts de Jean Moulière et de quelques autres, aura suscité récemment deux belles versions, celle-ci et celle d’Elsa Grether et François Dumont.
En postlude, quelle jolie idée d’avoir placé la berceuse en train de s’endormir qu’est le tendre Nocturne de la grande Lili, pur instant de poésie, comme tout ce disque !
LE DISQUE DU JOUR
Eugène Ysaÿe (1858-1931)
Poème élégiaque, Op. 12 (version pour violon et piano)
César Franck (1822-1890)
Sonate pour violon et piano en la majeur, FWV 8
Louis Vierne (1870-1937)
Sonate pour violon et piano en sol mineur, Op. 23
Lili Boulanger (1893-1918)
Nocturne pour violon et piano
Alina Ibragimova, violon
Cédric Tiberghien, piano
Un album du label Hypérion CDA68204
Acheter l’album sur le site du label Hypérion, sur le site www.clicmusique.com, ou sur Amazon.fr
Photo à la une : le pianiste Cédric Tiberghien et la violoniste Alina Ibragimova – Photo : © DR
Sonate sans violon
Alfred Cortot, qui donna si souvent la Sonate de Franck avec Jacques Thibaud, décida un jour de la jouer seul : il en réalisa une transcription magnifique, très pianistique, d’une fidélité irréprochable à l’original Continuer la lecture de Sonate sans violon
Grand Piano
Un premier album Bach pour Ducretet-Thomson surveillé par Serge Moreux – l’interprétation de la Chaconne fut l’objet de polémiques homériques – puis une paire de disques pour Decca (Brahms/Schumann/Liszt), voilà Continuer la lecture de Grand Piano