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La Magicienne

Avant sa disgrâce qui l’aura contraint à l’exil en Espagne puis à ses années lorraines, Henry Desmarest reprit en quelque sorte le flambeau de Lully. Circé devait renouveler le succès de Didon qui avait sacré Desmarest, tout juste trentenaire, nouveau maître de la tragédie lyrique, mais la demi-teinte de l’accueil, qui n’autorisa que sept représentations, empêchera l’ouvrage d’être repris. Continuer la lecture de La Magicienne

L’autre Silla

Singulier Silla ! Un monarque éclairé écrivant un livret sur un dictateur romain, qui pouvait l’oser sinon Frédéric II ? Le souverain, qui s’était lié d’une amitié pas toujours sans ombre avec le musicien, n’ira pas jusqu’à écrire chaque mot, d’ailleurs Graun voulait un opéra tout italien, de musique et de verbe. Frédéric II, comme à son habitude, écrira donc en français, charge au librettiste de la cour, Giovanni Pietro Tagliazucchi, de le traduire et de l’augmenter dans la langue du Dante.

En 1753, Graun en était à son vingtième opéra, et avait atteint la pleine maturité de son art, orchestrations brillantes qui rappellent le théâtre vénitien, génie mélodique qui pourra soutenir la comparaison avec celui de Haendel, écriture virtuose aux pyrotechnies éblouissantes pour satisfaire la brillante assemblée de castrats en troupe à l’Opéra de Berlin, surtout une intensité dramatique qui ne laisse pas une minute de repos au spectateur comme à l’auditeur. Ce Silla venu dix-neuf ans avant celui du jeune Mozart est un vrai drame en musique qui bouscule les canons de l’opera seria.

Succès absolu chez le public des représentations comme chez les connaisseurs : Frédéric II, qui confessait préférer souvent les opéras de Hasse à ceux de Graun, rendit les armes. Ce bouillonnant Silla était bien un chef-d’œuvre que le Festival d’Innsbruck a bien eu raison de ressusciter. Il s’en est d’ailleurs donné les moyens, assemblant une distribution fabuleuse, dominée par le Silla de Bejun Mehta (écoutez son air à la fin de l’Acte I, cet art si prégnant ne s’oublie pas). Face à lui, aucun ne démérite, du Metello de Valer Sabadus, au Postumio du jeune Samuel Mariño, incroyable sopraniste.

Paradoxe, si les falsettistes triomphent des écritures fastueuses que leur aura destinées Graun, le soprano de Roberta Invernizzi souffre un peu face à la tessiture élevée de Fulvia, seul bémol de ce brillant revival qu’Alessandro de Marchi anime avec feu et lyrisme. Puisse une aussi brillante bande poursuivre chez Graun, et oser aussi regarder du coté de Hasse.

LE DISQUE DU JOUR

Carl Heinrich Graun
(1704-1759)
Silla

Bejun Mehta, contre-ténor (Silla)
Valer Sabadus, contre-ténor (Metello)
Hagen Matzeit, contre-
ténor (Lentulo)
Samuel Mariño, contre-ténor (Postumio)
Eleonora Bellocci, soprano (Octavie)
Roberta Invernizzi, soprano (Fulvia)
Mert Süngu, ténor (Crisogono)

Coro Maghini
Innsbrucker Festwochenorchester
Alessandro De Marchi, direction

Un coffret de 3 CD du label CPO 555586-2
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Photo à la une : © DR

Vers l’Apocalypse

Le temps de Karl Weigl serait-il venu ? Les Symphonies, pas plus les Quatuors, ne sont encore enregistrés au complet, mais chaque nouvelle parution accuse l’importance et la qualité de son œuvre. Celle-ci ne fera pas exception. Continuer la lecture de Vers l’Apocalypse