Un chef-d’œuvre, et probablement la plus éloquente sonate écrite pour l’alto durant tout le XXe siècle. Lorsque Rebecca Clarke jeta son dévolu sur l’instrument en clé d’ut Continuer la lecture de Sonate de Guerre
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Des collines de Bucovine
Les chants de pays perdus ? Dans son piano empli de paysages et de danses, Lukas Geniušas m’entraîne dans les collines de Bucovine, ce pays effacé des cartes, scindé entre l’Ukraine et la Roumanie, littéralement hors du monde. Continuer la lecture de Des collines de Bucovine
Grand Piano
Cette Dumka qui s’ouvre par un vaste paysage où point l’aube puis se met à danser comme emportée par un orchestre de balalaïka, quelle suite vertigineuse d’images sonores ! C’est Ilya Rashkovskiy qui la chorégraphie ainsi, empoignant son grand clavier mais le faisant virevolter aussi, lançant des fusées pianistiques assez inouïes, les carrant dans des rythmes dressés, élancés pour revenir, morendo, au thème nostalgique qui l’ouvrait, esseulé soudain, morcelé, comme à bout de souffle.
Et le lied infiniment las de la Romance Op. 5, quels souvenirs doux-amers égrène-t-il ? Cet art de dire va comme un gant, on s’en doute à l’un des deux objets majeurs de son album russe, à ce jour son troisième disque. Les Tableaux d’une exposition n’avaient pas connu une lecture aussi affirmée depuis Maria Yudina, rien moins, et dans sa note d’intention, Ilya Rashkovskiy indique qu’il se les ait appropriés sans rien écouter de ce qu’en firent ses collègues, passés ou contemporains.
On le croit, tant la puissance de caractérisation de sa proposition unifie cette œuvre-univers où s’incarne toute la Russie. La nature sonore toujours très lumineuse de son grand jeu de piano éclaire le recoin le plus sombre des Catacombes, mais fait aussi imploser les carillons de La Grande Porte de Kiev, et il faut entendre les appuis chancelants du Ballet des poussins dans leurs coques où le sermon de Goldberg à Schmuyle pour soudain comprendre à quel degré il sait peindre en musique.
Après les trompettes et les cloches qui referment ces Tableaux iconiques, le nocturne sulfureux de l’Élégie de Rachmaninov s’élève, barcarolle implacable jusque dans sa tendresse, prélude à une Deuxième Sonate de Rachmaninov emportée par une irrépressible bourrasque mais où pourtant les parenthèses lyriques se composent avec une éloquence rarement atteinte.
Lecture terrible, exaltante, même dans le rêve désabusé du Non allegro, avant que le Finale ne déverse ses danses symphoniques. Un piano ? Un orchestre. Je suivrais pas à pas Ilya Rashkovskiy.
LE DISQUE DU JOUR
Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893)
Dumka en ut mineur, Op. 59
Romance en fa mineur, Op. 5
Modeste Moussorgski (1839-1881)
Tableaux d’une exposition
Sergei Rachmaninov (1873-1943)
5 Morceaux de fantaisie, Op. 3 (extrait : I. Elégie en mi bémol mineur)
Sonate pour piano No. 2 en si bémol mineur, Op. 36 (version 1931)
Ilya Rashkovskiy, piano
Un album du label La Musica LMU007
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Photo à la une : © DR