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Le créateur et le philosophe

Vladimir Jankélévitch tenait En Languedoc pour un chef-d’œuvre égalant les opus majeurs de Debussy ou de Ravel, ce qu’il affirmait plus encore dans ses discussions à bâtons rompus Continuer la lecture de Le créateur et le philosophe

Voyage dans le passé

Tropisme de Stephen Hough, ses recueils de pièces brèves ponctuent régulièrement sa discographie depuis ses années Virgin. Des collections de bis ? Des mondes en soi plutôt, et pour ce coup-ci, un monde assemblé en rêve.

Des viennoiseries d’Henry Love aux Jeunes filles au jardin de Mompou Continuer la lecture de Voyage dans le passé

Concert Department-18

Je crois bien que personne n’avait tenté cette mise en miroirs – et aussi en abîmes – entre Federico Mompou et Maurice Ravel. Adossant parmi les pages les plus lumineuses du Catalan deux opus les plus volatiles, les plus chargés d’énigmes et de suspensions que Ravel ait écrits pour son piano, Julien Brocal joue l’ensemble en doigts déliés, toucher–plume où s’exhaussent des arcs-en-ciel de cristal.

Quelle lumière dans ce piano, même dans les torpeurs de Oiseaux tristes, et quel piano, qui porte loin le son en l’affinant toujours, le Steinway étiqueté Concert Department -18. Celui de Vladimir Horowitz, rien moins, dont Eugen Istomin hérita, et que jouèrent pour quelques disques ou quelques concerts Rudolf Serkin, Leonard Bernstein.

L’équilibre de ce piano est singulier : basses impondérables toujours dans la résonance, médium clair et ample, aigus nacrés, sans aucune dureté, qui continuent à briller dans l’harmonie, et que Julien Brocal manie avec une délicatesse extrême, composant les timbres avec quelque chose d’onirique dans la conduite des phrasés, et jusque dans le flot des mesures qu’on ne voit plus tant les paysages les ont remplacées.

Ses Miroirs sont magiques à force d’apesanteur et de suggestions, son Alborada, si vive, un modèle qui évite le portrait pour essentialiser une sérénade sans aucun grotesque et sa Sonatine épurée jusqu’au fragile, toute en gris colorés, a quelque chose d’impondérable même lorsque son clairon funèbre s’esquisse dans le troisième mouvement.

Le poète parle tout autant dans les Paisajes et dans les Charmes de Mompou, mêlant dans leurs rêveries de cristal l’idée même du silence, dans le son-même des notes, secret d’une musique qui s’absente d’elle-même pour mieux se saisir de l’auditeur, où la suggestion serait une finalité. À la fin de l’album, Julien Brocal ajoute sa Nature morte, petit tombeau énigmatique où un oiseau triste danse seul une pavane, que le Catalan aurait pu rêver.

LE DISQUE DU JOUR

Reflections
Federico Mompou
(1893-1987)
Paisajes
Charmes
Maurice Ravel (1875-1937)
Miroirs, M. 43
Sonatine, M. 40
Julien Brocal (né en 1987)
Nature morte

Julien Brocal, piano

Un album du label Rubicon RCD1008
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Photo à la une : © DR

Alicia 54-55

Thomas Frost, entendant les premières bandes enregistrées par une jeune pianiste catalane à Bilbao, décida de lui faire graver ses premiers disques : les sessions débutèrent le 15 mars 1954 au Pythian Temple de Manhattan Continuer la lecture de Alicia 54-55