Lorsque je demandais à Ruggero Gerlin qui parmi ses élèves lui tenait à cœur, il me répondit du tac au tac : Władysław Kłosiewicz. Voyant mon étonnement, il sortit son stylo-plume et me nota le patronyme de ce claveciniste sur une page de son petit calepin. Je rangeais la page dans mon portefeuille, l’oubliais Continuer la lecture de Couperin grand teint
Archives par mot-clé : François Couperin
Concerts pour le crépuscule
Dans son quotidien avec Couperin, les Concerts royaux auront accompagné Christophe Rousset d’abord à son seul clavecin, dialogue d’ombres, danses en apesanteur, tout un monde en soi où les instruments amis auraient semblé inutiles.
Aujourd’hui, il y revient avec trois dessus qu’exposent un continuo secret, discret, merveille de pudeur, d’élégance qui laisse chanter tout un monde obscur, crépuscule de sons d’une entêtante poésie qui laisse voir des ballets de notes. La touche agreste du hautbois, les unissons mélancoliques des trois amis, le continuo qui danse et virevolte, léger, tout compose une musique pour l’intimité, vision opposée à celle splendide et opulente, de l’ensemble Les Timbres que j’avais tant goûtée.
Mais les chemins d’ombre de Christophe Rousset et de ses amis, la viole admirable d’Atsushi Sakaï vont plus loin dans les secrets tendres de ce Couperin qui devait enchanter le calvaire des ultimes soirées du Roi.
LE DISQUE DU JOUR
François Couperin (1668-1733)
Concerts royaux (1722)
Les Talens Lyriques
Christophe Rousset, clavecin et direction
Un album du label Aparté AP196
Acheter l’album sur le site du label Aparté ou sur Amazon.fr – Télécharger ou écouter l’album en haute-définition sur Qobuz.com
Photo à la une : © DR
Europe
François Couperin, le musicien de l’indicible ? Christophe Rousset, de son clavecin où il mène ses amis des Talens Lyriques, ne l’a jamais entendu ainsi. Pas d’estompes, moins encore de distance Continuer la lecture de Europe
Taskin 1787
Le Musée des Arts et Métiers de Hamburg conserve une splendeur, un clavecin tardif de Pascal Taskin qui offre un magnifique jeu « en peau de buffle » dont le cuir recouvre alors les plectres, produisant une sonorité ouatée dont le Marquis de Laborde Continuer la lecture de Taskin 1787
Couperin heureux
Carole Cerasi avait bien caché son jeu : alors que tant abordent en cette année anniversaire leur Couperin par un disque récital ou au mieux un livre entier, voici qu’elle nous offre d’un bloc l’intégrale des vingt-sept ordres, tout cela enregistré en un peu plus d’une année, L’Art de toucher le clavecin s’y ajoutant ensuite.
Merveille d’élégance que ce jeu souple qui suggère le tendre, peint les subtilités du sentiment, mais sait aussi se saisir des caractères que Couperin dessine d’un crayon vif. C’est la diversité de cet univers que la claveciniste exalte, jouant tout ce théâtre d’émotions dans les décors de quatre clavecins somptueux : littéralement, ils vous mettent les scénettes sous les yeux, peignent en couleurs cet univers à la Chardin où le détail est tout.
La manière tendre de la claveciniste réjouira plus les amateurs du Couperin d’Olivier Baumont que ceux de celui de Blandine Verlet ; Carole Cerasi soigne plus la forme, scrute l’écriture, sonde l’harmonie souvent audacieuse autant que les mélodies troublantes.
Sommet de cette somme parfaite qui remet à jour la discographie – en attendant de pouvoir entendre l’intégrale que Davitt Moroney vient d’achever – un Deuxième Livre d’anthologie : Couperin libéré du regard sévère de Louis XIV y aiguisait sa plume, son imagination s’y débridait, ouvrant à l’instrument de nouvelles licences poétiques et à son art de nouveaux horizons : il faut entendre les éclats de La Triomphante, spectaculaire, mais aussi et surtout peut-être la nostalgie infinie de La Mézangère.
Tout au long des dix disques, le charme ne se rompt jamais, et atteint à une dimension supplémentaire dans les équilibres parfaits, la langue solaire du Troisième Livre. Les ombres du Quatrième Livre, ses nostalgies à peine voilées, peuvent paraître, elles sonnent avec une liberté de phrasés, un sens des proportions, une puissance poétique que Scott Ross avait jadis trouvés par éclipses.
Au moment de refermer cette boîte impeccable me parvient un autre disque de Carole Cerasi, celui qu’elle consacra il y a vingt ans à l’intégrale des Suites d’Elisabeth Jacquet de la Guerre : le grand geste dramatique, l’âpreté d’une écriture sévère et fulgurante, la clarté de ses conceptions font encore une fois mouche sur le magnifique Ruckers de 1636, celui-là même qu’elle joue tout au long du Premier Livre de son intégrale François Couperin.
LE DISQUE DU JOUR
François Couperin (1668-1733)
L’œuvre pour clavecin (Intégrale)
Carole Cerasi, clavecin
Un coffret de 10 CD du label Metronome METCD1100
Acheter l’album sur le site du label Metronome, sur le site www.uvmdistribution.com, ou sur Amazon.fr – Télécharger ou écouter les albums en haute-définition sur la page du label Metronome sur Qobuz.com
Elisabeth Jacquet de la Guerre (1665-1729)
L’œuvre pour clavecin (Intégrale)
Carole Cerasi, clavecin
Un album du label Metronome METCD 1026
Acheter l’album sur le site du label Metronome, sur le site www.uvmdistribution.com, ou sur Amazon.fr
Photo à la une : La claveciniste Carole Cerasi – Photo : © DR