Ce n’est pas une nouveauté. En 2000, pour les Grandes Journées du Centre de Musique Baroque de Versailles dédiées à François Couperin, Skip Sempé et son Capriccio Stravagante assemblaient autour du Concert dans le goût théâtral des airs Continuer la lecture de Les tréteaux de Couperin
Archives par mot-clé : François Couperin
L’art du discours
Le Couperin d’Olivier Fortin ne sera pas celui de tout un chacun. Adieu le faiseur de portraits, le pastelliste des sentiments, vous qui entrez ici, oubliez la Carte du Tendre. D’abord, l’instrument le commande : le fameux « faux » Nicholas Lefebvre inventé de toute pièces en 1984 est une splendeur, mais sévère, et qui joue hautain de timbres, de tons, d’accents. Continuer la lecture de L’art du discours
Du bucolique
La couleur de ce disque tendre est toute entière dès la musette qui l’ouvre : A l’ombre d’un ormeau rappelle que Couperin écrivit quelques airs que Ballard publiera dans son recueil de 1711 : Emmanuelle de Negri en distille cinq Continuer la lecture de Du bucolique
Chants du soir
La musique vocale de Couperin est quasi toute pour l’église, mieux pour le couvent. Ses Leçons de Ténèbres épurées, loin des folies ultramontaines qu’y joignaient Charpentier ou même parfois Lambert, sont revenues en grâce depuis l’enregistrement pionnier de Nadine Sautereau et de Janine Collard (Erato), au point de ravir la vedette aux divers cahiers de Charpentier justement. Continuer la lecture de Chants du soir
Poésie de clavier
Quelle magnifique idée : Clément Lefebvre, pour ce qui est je crois bien son premier disque, marie Rameau et Couperin. Marcelle Meyer et ses successeurs (Thérèse Dussaut, Alexandre Tharaud, Iddo Bar-Shaï) auront enregistré soit l’un soit l’autre, ou les deux, mais pas ensemble. C’est Marcelle Meyer qui donne l’exemple ici, dès une Dauphine pleine de caractère, élancée et superbe, avec quelque chose d’espagnol dans son arabesque, un certain « port de clavier » pour ainsi dire. Comme cela sonne !
Puis on parcourt à dix pièces célèbres de Couperin prises dans les Troisième et Quatrième Ordres, musique qui donne à voir et dont Clément Lefebvre dit toutes les couleurs dans une effusion de trilles, d’ornements, de mélodies où les contre-chants de la main gauche sont d’une fluidité extrême, contrepoints de saveurs, et encore une fois impossible de ne pas penser à ce que faisait Marcelle Meyer, jusque dans ce clavier très timbré, très rond, qui cherche une sorte d’idéal sonore d’un temps passé. On ne joue plus ainsi du piano, enfin on ne jouait plus, car c’est la boîte de Pandore qu’ouvre le jeune pianiste français, et tout un monde de licences poétiques se dévoile, vrai discours du tendre et du sensible, qui sait aussi virevolter jusqu’à une sorte de griserie ; écoutez L’Arlequine.
Si Lefebvre a vraiment le génie du tableau qui chez Couperin fait tout à condition qu’on sache aussi faire entendre le savant de son écriture où, au piano, Bach n’est jamais si loin qu’on ne le croit, il a aussi le génie de la prospective : son album se referme par la plus parfaite Suite en la entendue depuis Marcelle Meyer, alliage subtil de tendresse et de fierté, avec cette pointe de nostalgie amusée qui fait le portrait de Fanfarinette si juste, émouvant comme un sourire, et quel contraste avec les fusées de La Triomphante, quel sens de la dramaturgie et de l’espace harmonique dans la grande Gavotte et ses six Doubles !
Ah !, quel beau disque, qui souligne naissant l’art de ce pianiste poète que je voudrais demain entendre chez Chopin ou Granados.
Bravo !
LE DISQUE DU JOUR
François Couperin (1668-1733)
Le Point du jour, Les Rozeaux, L’Arlequine, L’anguille, La Couperin, Les Tricoteuses, Les Folies françoises ou Les Dominos, Les Petits Moulins à vent, La Pantomime. Le Dodo ou l’Amour au berceau
Jean-Philippe Rameau (1683-1764)
La Dauphine
Suite en la mineur, RCT 5 (extrait des « Nouvelles suites de pièces de clavecin », 1727)
Clément Lefebvre, piano
Un album du label Evidence Classic EVCD052
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Photo à la une : © Jean-Baptiste Millot