Archives par mot-clé : Frédéric Chopin

De l’art de bien rééditer, Vol. 25 : Le cas Istomin

Eugene Istomin ? Le pianiste du trio qu’il forma avec Isaac Stern et Leonard Rose, voilà le seul titre de gloire de ce musicien hors pair qui fut le plus discret des concertistes américains apparus au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale. Éclipsé Continuer la lecture de De l’art de bien rééditer, Vol. 25 : Le cas Istomin

L’Anglaise francophile

Elle ne fait rien comme personne : Kathryn Stott intitule son dernier récital paru chez BIS « Solitaires ». Les œuvres autant que les compositeurs d’ailleurs, du très modal Prélude et fugue de Jehan Alain à l’extatique Baiser de l’Enfant-Jésus de Messiaen Continuer la lecture de L’Anglaise francophile

La révélation Dinorah

Longtemps tourna sur ma platine le microsillon Philips des deux Concertos de Chopin que Dinorah Varsi grava en 1971 avec l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo et Jan Krenz. Tant de noblesse dans le fa mineur, tant de chic et Continuer la lecture de La révélation Dinorah

Archives soviétiques

La Première Sonate de Schumann a besoin d’un héros, un pianiste à la grande technique, de haut style, très libre pour le chant, et qui sait jouer dans la profondeur du clavier sans peser : Emil Gilels. La captation en concert au Conservatoire de Leningrad un soir de 1961 (l’éditeur pourrait être plus précis, c’est -à-dire le 10 octobre 1961…) de cette interprétation devenue légendaire transporte dès le premier thème en Schumanie, Gilels sachant comme personne créer cette légère instabilité des contre-chants qui donne à la fois une sensation d’ivresse et d’angoisse, contrairement à tant de ses confrères qui hachent le texte et raidissent l’expression.

De la même soirée (et non pas d’un concert de 1968…), une admirable Deuxième Sonate de Chopin, plus dite que déclamée, enflamme la salle, pur romantisme noir : ce soir là, décidément il y avait du Vladimir Sofronitzky chez Emil Gilels. L’éditeur ajoute deux Etudes (Op. post No. 3, Op. 25 No. 2) jouées comme des poèmes, et la Rhapsodie espagnole de Liszt. Même si Grigori Ginzburg en était à l’époque le spécialiste absolu, Gilels fait assaut de jeu noble mais aussi de fantaisie. La virtuosité ne compte pas, elle ne s’entend d’ailleurs pas, les paysages et la narration font tout.

Adieux concert, bonjour studio, revoilà le récital Bach que Tatiana Nikolayeva enregistra en 1980. Il s’ouvre sur un Concerto Italien plus tenu que solaire, où la pianiste ne trouve pas immédiatement ses timbres de cloches, ses polyphonies d’échos qui éclatent soudain dans la Toccata et Fugue en ré mineurBusoni suscite du clavier tout un orchestre : voila Nikolayeva chez elle, comme dans le modelé plein de contre-chants de Jésus, que ma joie demeure, en tous points l’anti-legato de Dinu Lipatti, et un vrai choral d’église. Le Bach intime, murmuré, lui va comme un gant, la pesée impondérable de son toucher dans la Sicilienne dorée par Wilhelm Kempff ou dans le subtil cantabile de Wachet auf, ruft uns die Stimme font merveille autant que le sens d’une rhétorique ardente dans une Chaconne où le timbre est tout, comme le voulait expressément Busoni. Immense disque Bach dont on a connu par le passé des éditions plus soignées.

Plus rare, voici un album Haydn Mozart par le Quatuor Borodine pris dans les archives de la Radio de Moscou, superbement capté en stéréophonie en 1960 et en 1961 : on a le quatuor dans la pièce, les timbres des cordes si présents qu’on pourrait les toucher.

Les Borodine sont alors au sommet de leur première formation (Rotislav Dubinski, Iaroslav Alexandrov, Andrei Abramenkov, Valentin Berlinski), et leur style parfait, leur jeu si moderne surprend dans le répertoire classique. La plénitude de la sonorité enchante leur Alouette de Haydn, virtuose, plein d’humour, mais c’est dans Mozart que ce chant éperdu atteint à une sorte de génie.

Admirable Quinzième Quatuor, plus admirable encore le Quintette avec clarinette où l’instrument surréel, au son boisé, joué par Ivan Mozgovenko semble entrer dans la polyphonie du quatuor. Tout cela était inédit hors de Russie et ouvre sur cette formation mythique un point de vue surprenant. Vite d’autres archives du même tonneau !

LE DISQUE DU JOUR

Cvr Giles Leningrad AltoEmil Gilels
à Leningrad

Frédéric Chopin (1810-1849)
Sonate pour piano No. 2
en si bémol mineur, Op. 35
« Funèbre »

Étude pour piano en la bémol majeur, Op. posth. (No. 3)
Étude pour piano en fa mineur, Op. 25 No. 2
Robert Schumann (1810-1856)
Sonate pour piano No. 1 en fa dièse mineur, Op. 11
Robert Schumann (1811-1886)
Rapsodie espagnole, pour piano, S. 254, R. 90

Emil Gilels, piano

Un album du label Alto ALC1300
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cover bach nikolayeva altoJohann Sebastian Bach (1685-1750)
Concerto Italien en fa majeur, BWV 971 (extrait
de la Clavier-Übung II)

Toccata et Fugue en ré mineur, pour orgue, BWV 565 (transcription pour piano :
Ferrucio Busoni)

Prélude de Choral « Jesus bleibet meine Freude »
(transc. d’après le Choral de la Cantate BWV 147 : Dame Myra Hess)

Prélude de Choral « Wachet auf, ruft uns die Stimme », BWV 645
(extrait des « 6 Chorals-Schübler ; transc. : Dame Myra Hess)

Prélude de Choral « Nun komm der Heiden Heiland », BWV 659
(extrait des « 6 Chorals-Schübler ; transc. : Ferrucio Busoni)

Sicilienne en sol mineur
(extrait de la Sonate pour flûte et clavier, BWV 1031 ; transc. : Wilhelm Kempff)
Fugue pour orgue en sol mineur, BWV 578 (transc. : Ferrucio Busoni)

Tatiana Nikolayeva, piano

Un album du label Alto ALC1205
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cover borodin alto mozart haydnFranz Joseph Haydn
(1732-1809)
Quatuor à cordes No. 53
en ré majeur, Hob.III.63,
Op. 64 No. 5 « L’Alouette »

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Quatuor à cordes No. 15 en ré mineur, KV 421/417b
(extrait des « Quatuors dédiés à Joseph Haydn »)
Quintette pour clarinette et cordes en la majeur, KV 581

Ivan Mozgovenko, clarinette
Quatuor Borodine

Un album du label Alto ALCD1297
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Photo à la une : Le pianiste russe Emil Gilels – Photo : © DGG