Ah ce Chérubin ! La belle Lisa nous le chante sous les ors du Victoria Hall « auf Deutsch » en tempo tranquille, avec un orchestre qui fait « plouc plouc ». La passion ? Jamais. Mais ce sourire dans le timbre ne s’oubliera plus. Et cette Pamina, même lieu, même heure : surréelle. Continuer la lecture de Cherubino
Archives par mot-clé : Georg Friedrich Haendel
La Hallenberg
Ann Hallenberg récidive chez les castrats. Après un album dédié à Marchesi, la voici qui endosse les costumes des personnages portés à la scène par Farinelli, mieux!, les fait paraître.
Car si, de pure technique, elle dame évidemment le pion à tous les contre-ténors qui auront tenté de ressusciter la légende de ce premier belcanto, la Suédoise donne à entendre les sentiments et à faire sentir les dilemmes, portant haut les mots (elle peut compter sur l’attention de Christophe Rousset, si présent aux textes), ornant d’abord des états d’âme.
C’est évident et sublimement fait pour les deux Haendel, Ruggiero et Almirena sont devant vous, mais tout aussi vrai pour le Dario de l’Idaspe de Broschi dont les lignes éperdues et interminables sont comme infiniment portées : elle chante d’un violon, d’un hautbois, jamais le souffle ne lui manque, ni la couleur, pas plus l’expression.
Juste dans l’Alto Giove de Porpora lui fait défaut cette grâce supplémentaire que produit l’effort, le quasi sacrifice, chez ses collègues masculins : tout lui semble si aisé. La preuve avec l’aria de tempête qui ouvre l’album. Ce chant dardé, brillant, mordant et souple est un miracle, et tout cela live, of course ! Refermant ce collier de perles, je me dis qu’ensemble, ils devraient bien penser à nous offrir un album Vivaldi.
LE DISQUE DU JOUR
Farinelli
A Portrait
Live in Bergen
Œuvres de Haendel,
R. Broschi, Giacomelli,
Porpora, Hasse, Leo
Ann Hallenberg,
mezzo-soprano
Les Talens Lyriques
Christophe Rousset, direction
Un album du label Aparté AP117
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Photo à la une : © DR
Changement de clavier
Haendel s’est si souvent arrangé lui-même que je serais mal venu d’en vouloir à Matthias Kirschnereit de nous donner tout l’Opus 7 de son piano ! Après tout, il y a belle lurette que les pianistes se sont appropriés les Suites pour clavecin, il fallait bien un jour que la « wondrous machine » jouée avec tant de feu par Haendel cède elle aussi au règne du piano romantique. Romantique ou moderne d’ailleurs ?
Matthias Kirschnereit, qui est l’auteur de cette « transposition », se garde bien de trancher, car s’il opte pour un style objectif, avec ornements minimalistes, son discours est souvent au fond assez expressif. Et le commentaire qu’y ajoutent Lavard Skou Larsen et ses musiciens de Neuss lui dresse des décors évocateurs.
C’est bien vu, très joliment réalisé, plein d’esprit et de mesure, cela s’écoute sans arrières pensées, me manquent pourtant les couleurs, le clavier de flûte, de cornemuse, de hautbois d’un orgue, et les bruits si vivants de sa machinerie. En cela la poésie s’en trouve réduite.
Sachez qu’il s’agit ici du dernier (à priori) volume d’une intégrale de tous les concertos pour orgue de Haendel joués au piano.
LE DISQUE DU JOUR
Georg Friedrich Haendel (1685-1759)
Les Concertos pour orgue,
Op. 7 (arr. pour piano)
Concerto en si bémol majeur, HWV 306
Concerto en la majeur,
HWV 307
Concerto en si bémol majeur, HWV 308
Concerto en ré mineur, HWV 309
Concerto en sol mineur, HWV 310
Concerto en si bémol majeur, HWV 311
Matthias Kirschnereit, piano
Deutsche Kammerakademie Neuss
Lavard Skou Larsen, direction
Un album du label CPO 777855-2
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Photo à la une : © DR
Black Sand
Haendel est chez lui à Glyndebourne depuis les années 1990 lorsque Peter Sellars proposa sa relecture radicale de Theodora, mais ce Saul selon un Barrie Kosky particulièrement inspiré dépasse tout ce que Continuer la lecture de Black Sand
Allegro, 1740
Pour mes vingt ans, je reçus le tout récent enregistrement de L’Allegro, Il Penseroso et il Moderato que venait de faire paraître John Eliot Gardiner chez Erato. Je connaissais le poème de Milton, j’avais apprivoisé la partition de Continuer la lecture de Allegro, 1740