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Le violon de l’Ange

Tartini ou Locatelli, s’il faut préférer de garder l’un contre l’autre, alors Locatelli. Mon choix est tranché depuis longtemps, Locatelli, aussi virtuose soit-il, est d’abord un poète et comme les poètes son art ne veut pas épater, mais surprendre et toucher. Continuer la lecture de Le violon de l’Ange

Archet d’apparat

Le violon vénitien, ce ténor de la lagune, ne fut pas la propriété exclusive du Prêtre roux. Ce domaine plus divers est le sujet de l’album pyrotechnique de Chouchane Siranossian, d’abord illustré par les concertos de grand apparat : à un opus en ré majeur, en vaste orchestre, celui de Francesco Maria Veracini, répondra en coda un autre de la même armature, le « Grosso Mogul » pas moins spectaculaire et mieux connu, d’Antonio Vivaldi. Deux années séparent celui de Veracini de celui de Vivaldi. Cette Venise des années 1710, absolument festive, danse sur le fil d’une décadence annoncée que Chouchane Siranossian semble anticiper dans l’intrigant Capriccio del primo violone qu’elle ouvrage en s’inspirant d’autres concertos de Veracini.

Un concerto vraiment ? Plutôt une ouverture, typique des ouvrages du Florentin alors occupé à ses premières compositions, témoin déjà de son style syncrétique qui fera tout le sel de ses futures années de gloire à Dresde. D’ailleurs, un doute existe sur la date de création de l’œuvre, soit à Venise en l’honneur du nouvel ambassadeur d’Autriche le 17 février 1712, soit l’année précédente le 22 décembre pour le couronnement de Charles VI à Francfort, ce qui expliquerait son style plus germain qu’italien, et ferait de l’exécution vénitienne une simple reprise. Tout jeune homme Veracini savait déjà son Bach et son Fasch, Venise était une confluence des goûts réunis, ce qu’Andrea Marcon et sa bande athlétique célèbrent dans un feu d’artifice de timbres et de rythmes.

Autrement concertant, et vénitien, sera l’ombrageux et déjà si mozartien de couleurs Deuxième Concerto de cet Arte del violinoPietro Locatelli célèbre avec nostalgie l’apogée du violon lagunaire. Teinte d’ut mineur, rossignolades, portamentos de diva, tout un art perdu et proche du sublime se dévoile sous cet archet qui parle et rêve. Chouchane Siranossian doit poursuivre dans ce continent jusque-là exploré chichement, du moins par des interprètes historiquement informés.

On se régalera aux mélodies terriennes, aux rythmes savoureux de l’opus de Tartini, ardé d’un archet de pure faconde, mais comment ne pas entendre que cette virtuosité tire à la ligne, surtout lorsque l’entrée fastueuse, et pleine de caractère du « Grosso Mogul » lui succède avant que le violon n’enrage ce portrait-charge décidément toujours aussi vivace.

Vous l’aurez compris, album renversant.

LE DISQUE DU JOUR

Duello d’archi a Venezia

Francesco Maria Veracini (1690-1768)
Concerto à otto stromenti
en ré majeur

Pietro Antonio Locatelli (1695-1764)
Concerto pour violon en
ut mineur, Op. 3 No. 2 (extrait de « L’Arte del violino »)

Giuseppe Tartini (1692-1770)
Concerto pour violon et orchestre en fa majeur, D. 61
Antonio Vivaldi (1678-1741)
Concerto pour violon, cordes et basse continue en ré majeur, RV 208
« Grosso Mogul »

Chouchane Siranossian, violon
Venice Baroque Orchestra
Andrea Marcon, direction

Un album du label Alpha Classics 935
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Photo à la une : la violoniste Chouchane Siranossian – Photo : © DR

Erica

Une violoniste pour les violonistes ? La sonorité discrète, peu encline à charmer, et allant même contre le sublime Stradivarius qu’elle joua sa vie durant (le Davidov, on lui cacha son vol peu de temps avant sa mort) rappelle que toute héritière de la grande école tchèque qu’elle fut Continuer la lecture de Erica

Le violoncelle de Venise

Le Prêtre Roux avait le violon pour ensorceler les filles des couvents et les nobles des palais, l’autre Antonio, patronyme Vandini, aussi virtuose que lui, l’égalait avec son violoncelle, d’ailleurs c’est à son intention que Vivaldi écrira ses concertos pour la grande caisse, se régalant de les ébarber de difficultés que l’archet virevoltant de son ami feignait d’ignorer. Continuer la lecture de Le violoncelle de Venise

Apogée du violon

L’admirable corpus de concertos qu’a laissé Tartini effraye les violonistes depuis toujours, hélas, car dans son art à la fois évocateur et brillant, il aura porté à son apogée ce violon orphique qu’il aura ravi à Vivaldi et offert à Mozart par le truchement de son père. Continuer la lecture de Apogée du violon