On sait Sir Edward Elgar, épuisé par les drames personnels, horrifié par l’apocalypse de la Grande Guerre, devenu muet jusqu’à cet été et cet automne du Sussex où soudain il se penche sur une part délaissée par sa plume : la musique de chambre. Continuer la lecture de L’Ancien et le Nouveau monde
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Etudes versicolores
Debussy, peignant en couleurs fauves ses Études entre le 5 août et le 29 septembre 1915 alors que le carnage de la Grande Guerre faisait rage, savait qu’il y composait le piano de l’avenir. Momo Kodama, les gravant toutes, a donc raison de les alterner avec les Études que Toshio Hosokawa à écrite à son intention un siècle plus tard. Continuer la lecture de Etudes versicolores
Verlaine
Au cœur de la Grande Guerre, Louis Vierne assemble dix poèmes de Verlaine sous un titre terrible : Spleens et détresses. Ce sera l’un de ses opus majeurs, où une tristesse étrange se mêle à des bizarreries, comme cette Sérénade si acide, presque grotesque : voici un cycle méprisé qui devrait à l’instar des Clairières dans le ciel de Lili Boulanger trouver sa place aux côtés des opus signés par Fauré, Debussy et Ravel.
Dire que le mezzo corsé d’Anaïk Morel en dévoile toutes les beautés est un euphémisme, et pourtant jadis Mireille Delunsch elle-même en offrit une magnifique interprétation. Mais le timbre de Morel, révélé voici peu dans un plein album de mélodies de Charles Koechlin correspond exactement à la couleur de ce cycle. Muza Rubackyté lui déploie tout un orchestre de son piano.
Elle ajoute en compagnie du Quatuor Terpsycordes l’autre partition emblématique de l’année 1917, la vaste Quintette, entre déploration et fureur : le 12 novembre, Vierne perd son second fils. Jacques meurt au front dans des circonstances troubles : on ne saura jamais s’il se sera suicidé ou s’il aura été « fusillé pour l’exemple » avec ses camarades des tranchées.
Vierne avait consenti à son engagement prématuré, mais le jeune homme s’était rapidement ouvert de son dégoût face aux horreurs de la guerre : il avait dix sept ans. Dans cette œuvre manifeste, le piano est l’acteur principal, Muza Rubackyté l’a bien compris, qui entraine dans son jeu flamboyant un quatuor intense, violent. Une quintette ? Une symphonie !
LE DISQUE DU JOUR
Louis Vierne (1870-1937)
Spleens et détresses, cycle
de 10 mélodies pour voix
et piano, Op. 38
Quintette pour piano et cordes en ut mineur, Op. 42
Anaïk Morel,
mezzo-soprano
Muza Rubackyté, piano
Quatuor Terpsycordes
Girolamo Bottiglieri, Raya Raytcheva, violons – Caroline Cohen-Adad, alto – François Grin, violoncelle
Un album du label Brilliant Classics 95367
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Photo à la une : Louis Vierne et le jeune Bernard Gavoty, en 1933 – Photo : © DR