Mariss Jansons récidive dans la Septième Symphonie dont il avait laissé une lecture minérale, âpre, avec les Bavarois. A Amsterdam, le geste se fait plus improvisé, un rien plus indolent : la nuit n’est pas si noire après tout Continuer la lecture de Nocturne en bleu
Archives par mot-clé : Gustav Mahler
La soprano qui ne voulait pas
Otto Klemperer, rescapé de l’Ancien Monde, aimait ses chanteuses jeunes : pour ses Wagner, Dernesch, Silja étaient convoquées au studio, chez Mozart, pour son Così fan tutte, deux jeunes diamants parfaitement assortis, Margaret Price et Yvonne Minton, pour sa Zauberflöte, Popp (en Reine, elle sera aussi Despina) et Janowitz, et dans les utilités, Schwarzkopf en Première Dame mais surtout Christa Ludwig en Seconde. Continuer la lecture de La soprano qui ne voulait pas
Langsam
Lentement, le hautboïste sinue la plainte qui ouvre Nun will die Sonn’ so hell aufgehn, Brigitte Fassbaender entre dans ce tempo de sépulcre, puis à un moment reprend la main, forçant l’orchestre à se remettre dans son chant, dans l’allant du texte Continuer la lecture de Langsam
L’éternel retour
Jeune homme, Zubin Mehta, avec Claudio Abbado, chanta au sein du Wiener Singverein, faisant ses ultimes classes de musique à Vienne. L’un comme l’autre seront des interprètes majeurs des partitions de Gustav Mahler alors même qu’à Vienne on tenait encore Mahler en piètre estime. Mais l’atmosphère de la ville, le souvenir des concerts pionniers de Mitropoulos, durent suffire.
Très tôt déclaré prodige de la direction d’orchestre, enregistrant pour les micros de Decca ses premiers disques avec les Wiener Philharmoniker, Mehta grava la 9e de Bruckner d’abord, puis la 4e de Schmidt et la Résurrection de Mahler, tiercé plus viennois était impossible. Et la Troisième Symphonie ? Elle attendra quelques années encore, mais Mehta en délivre aujourd’hui son quatrième enregistrement, et retrouve avec la même fraîcheur lyrique les échappées champêtres des Scherzi , et la pointe de fantastique à la fin du troisième mouvement, qu’il reproduisit toujours d’après le geste génial de Charles Adler. Tout comme Adler, il ordonne les tumultes du vaste premier mouvement, épurant leurs lignes et domestiquant l’énorme rugissement de l’orchestre : suggérer rend la terreur plus implacable.
Il aura revisité cette symphonie-monde à Los Angeles (avec Maureen Forrester, inoubliable) et à Munich, puis avec son cher Orchestre Philharmonique d’Israël pour Sony, rendez-vous un rien incertain. C’est encore une fois avec les musiciens juifs qu’il remet l’œuvre sur le métier. Malgré les années et le renouveau des générations, cette formation perpétue une identité sonore qui évoque la poésie, de timbres, d’accents, de phrasés, des orchestres de l’ancienne Europe d’avant l’Holocauste, cordes et bois idéalement mariés de son et de grain, tout un monde perdu qui est absolument celui de Mahler, je l’avais déjà vérifié lors d’une Septième Symphonie au Théâtre des Champs-Elysées voici quelques années.
Certains seront surpris par le pathétisme qu’y ose Mihoko Fujimura : son vibrato force le texte de Nietzche, même si Mehta lui allège le souffle par un tempo où le hautbois pleure pourtant, c’est à la fois merveilleux et déconcertant. Les gamins sont formidables, jusque dans l’assombrissement inquiétant de leurs dernières mesures. Puis l’orchestre prie un des plus beaux Finales que j’ai entendus, comme si Mehta s’y souvenait de son cher Claudio Abbado. Un tombeau peut-être, une émotion en tous cas.
Magnifique concert capté à Tel-Aviv le 14 juillet 2016, le livret de l’album est abondamment illustré.
LE DISQUE DU JOUR
Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie No. 3
Mihoko Fujimura, mezzo-soprano
Israël Philharmonic Orchestra
Zubin Mehta, direction
Un album de 2 CD du label Helicon 029680
Acheter l’album sur le site www.fnac.com ou sur le site du label Helicon Music
Photo à la une : Zubin Mehta, à la tête de l’Orchestre Philharmonique d’Israel – Photo : © DR
Simplicité
Second volet d’une intégrale mûrement réfléchie, avec un orchestre choisi dont Ádám Fischer est le patron depuis deux ans. Immédiatement, il aura entrepris un cycle Mahler Continuer la lecture de Simplicité