Comme c’est preste ! Steven Osborne s’élance dans « sa » Hammerklavier avec le délié athlétique d’un pur sang, ces muscles, cette ardeur, et pourtant un contrôle du son qui calibre tout. C’est un peu ce qui fait à mon sens ici un bémol, léger mais certain. Si l’on a les moyens – et Osborne les a – de produire dans la première page de la Hammerklavier l’effet de stupeur que voulait imposer Beethoven, alors il faut foudroyer. L’élan est formidable, il lui manque justement ce foudroiement que Schnabel savait produire, quitte à laisser des notes sous le clavier. Et nul ne doute qu’au fond Schnabel aura été ici le modèle d’Osborne. Continuer la lecture de Trop parfait
Archives par mot-clé : Hyperion
Jeune Pologne
Ignaz Friedman, poussé vers la carrière de pianiste par son père, lequel espérait qu’il aurait eu vie plus sereine, plus heureuse que la sienne, se rêva compositeur, mais secrètement. Une kyrielle d’œuvres pour son instrument Continuer la lecture de Jeune Pologne
Bach de Londres
Ils ont franchi le guet. Après deux albums consacrés à l’empire des castrats (Guadagni, puis Porpora), Iestyn Davies, Arcangelo et Jonathan Cohen entrent chez Bach. Pour les seconds, ils y sont depuis leur fondation, mais l’enfant du Yorkshire y est venu au disque voici relativement peu Continuer la lecture de Bach de Londres
Pour Sarasate
Pourquoi le Deuxième Concerto de Max Bruch, qui élève dans ses premières mesures une des plus belles suppliques jamais écrites pour le violon, est-il resté dans l’ombre du démonstratif Premier Concerto ? Mystère auquel je n’ai jamais su répondre.
Bruch l’écrivit pour Sarasate qui le créa le 2 février 1877 à Francfort. Son ton effusif, le caractère assez libre de sa structure, correspondent à la nature du violoniste espagnol.
Jack Liebeck, lancé dans une intégrale des opus concertants de Bruch, y est magnifique de subtilité, de sens des apartés, il fait paraître avec son archet inventif un vrai personnage, un héros romantique, fidèle à l’art évocateur qui fait tout le prix de la musique de Bruch, et Martyn Brabbins avec ses Écossais lui composent des paysages admirables, car Bruch écrivait son orchestre avec un art de peintre, sfumato compris. La plus belle version depuis le modèle de style laissé par Salvatore Accardo et Kurt Masur, rien moins, et dont l’espressivo me semble aller plus loin.
Deux des trois opus qui complètent ce concerto-poème ne sont pas d’une eau si pure, mais le métier de Bruch y est si parfait que l’ajout d’un soliste aussi inspiré leur donne une toute autre stature. Ténébreux le Konzerstück prend ici un ton d’opéra, murmuré, In Memoriam déploie son élégie sur un archet incroyablement ductile. Quant au ténébreux Adagio appassionato écrit pour Joachim, c’est un chef-d’œuvre. Le compositeur le savait bien, qui écrivait à son éditeur Simrock « C’est l’une de mes meilleures œuvres ». Poème élégiaque qui dit ses vers d’une seule ligne, il est l’alpha des nombreuses pièces libres pour violon et orchestre qui élargiront le répertoire de l’instrument à compter des années 1890. Jack Liebeck le magnifie, écoutez un peu ce violon qui déclame.
LE DISQUE DU JOUR
Max Bruch (1838-1920)
Concerto pour violon
et orchestre No. 2
en ré mineur, Op. 44
Pièce de concert
en fa dièse mineur, Op. 84
In Memoriam
en ut dièse mineur, Op. 65
Adagio appassionato
en fa mineur, Op. 57
Jack Liebeck, violon
BBC Scottish Symphony Orchestra
Martyn Brabbins, direction
Un album du label Hyperion CDA68055
Acheter l’album sur le site du label Hypérion Records, sur le site www.clicmusique.com, ou sur Amazon.fr
Photo à la une : © DR
Le temps des Saisons
La traduction est poétique. Tchaïkovski intitula la suite d’épigraphes lyriques qu’il composa entre décembre 1875 et novembre 1876 « Les Mois », mais c’est bien le rythme des saisons qui s’y fait entendre Continuer la lecture de Le temps des Saisons