Chopin vénérait Mozart et Bach, un classique absolu qui ordonnait son romantisme avec art. C’est ainsi que le joue François Dumont, avec une hauteur de vue stupéfiante qui essore la moindre goutte de sentimentalité, mais pas l’émotion Continuer la lecture de Altitude
Archives par mot-clé : Impromptus
Grand Chopin
Il y a deux sortes de pianistes qui signent l’orée de leur carrière au disque : ceux qui gravent les trois dernières Sonates de Beethoven ou ceux qui enregistrent les Vingt-Quatre Etudes de Chopin.
Amir Katz ne les aura pas gravées d’emblée Continuer la lecture de Grand Chopin
Impromptus absolus
Les Impromptus de Schubert furent réinventés par Artur Schnabel qui les tira de l’éclairage affadi des abat-jours des salons pour leur donner le ton de ce qu’ils sont effectivement : des pièces de style libre, d’une poésie impertinente Continuer la lecture de Impromptus absolus
Chopin autrement ?
La jolie sonorité naturelle et naturellement mesurée que Pavel Kolesnikov tire de son piano le destinait à Chopin d’évidence Continuer la lecture de Chopin autrement ?
Simplicité
Ce n’est pas la première fois que François Chaplin, si justement fêté dans Debussy, vient au piano viennois. Ses Impromptus de Schubert, subtilement intranquilles, montraient déjà une adéquation avec cette langue si singulière. Le voici au début de ce que j’espère un parcours Mozart, avec deux grands concertos dont la discographie est pléthorique, et un orchestre modeste mais si justement accordé à son propos : la simplicité de son geste, une sorte de pureté sans raideur s’y reflètent dans ce que tout concerto de Mozart est d’abord : une grande musique de chambre.
Adieux donc les accents pathétiques, les grands gestes qui voudraient faire croire que Beethoven s’était glissé à priori et contre toute chronologie, chez Mozart pour les concertos en vingt, le discours du sensible, et une certaine tendresse qu’on trouvait jadis chez Lili Kraus et chez Ingrid Haebler dans ces deux mêmes opus, règlent tout, enveloppent tout dans une pudeur qui commande des tempos jamais étales : le célèbre Adagio du la majeur ne dissout rien, mais chante très allant pour que sa peine soit plus irrépressible justement à force de pudeur : la petite musette consolatrice des bois peut paraître alors, si logique, si désarmante, comme si un ensemble de Cosi fan tutte venait là soudain.
Pour le la majeur, la cause est gagnée, mais figurez-vous que pour l’ut mineur aussi. Débarrassé de ses références à Don Giovanni, dés-assombri, François Chaplin y traque avec des discrétions de poète toutes les demi-teintes, les repentirs, les hésitations que tant de pianistes auront raidis en déclamant, se prenant eux aussi pour l’orchestre du tutti qui ouvre l’Allegro.
Hors, François Chaplin rentre piano et interroge comme peu l’auront fait, sans rien alourdir. Tout du long, cet art de la suggestion change drastiquement le visage de l’œuvre, comme jadis le fit en concert plus qu’en ses disques Murray Perahia. Cette manière de jouer dans le retrait du son, de laisser tout suggérer, de ne rien souligner, Cédric Tiberghien la possède aussi, il viendra probablement aux concertos un jour, mais c’est François Chaplin qui dans nos pianistes français aura le premier tenté cette réappropriation par le tendre, cette éclaircie par le sensible, vertus éminemment mozartiennes qu’on ne voulait plus voir, surtout plus faire entendre.
Ah, autre chose : écoutez la cadence de l’Allegro de l’ut mineur, de la main du pianiste. Elle fera flores.
LE DISQUE DU JOUR
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Concerto pour piano et orchestre No. 23 en la majeur, KV 488
Concerto pour piano et orchestre No. 24 en ut mineur, KV 491
François Chaplin, piano
Orchestre Victor Hugo Franche-Comté
Jean-François Verdier, direction
Un album du label Aparté AP160
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Photo à la une : © Caroline Doutre