En 1762, Gluck avait par anticipation sonné le tocsin pour les anciens genres lyriques avec son Orfeo ed Euridice, mais à l’Académie Royale de Musique, la tragédie lyrique régnait encore en maître, revivifiée par Rameau, Mondonville et leurs successeurs Continuer la lecture de Agonie de la Tragédie Lyrique
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Apollon démasqué
Louis-Noël Bestion de Camboulas et Les Surprises ont de la suite dans les idées, ils poursuivent leur explorations du catalogue de Destouches pour nous offrir le premier enregistrement de cette Issé Continuer la lecture de Apollon démasqué
Rome vaincra
Le livret preste que Nicolas-François Guillard déduisit de l’Horace de Pierre Corneille (au passage exit Julie et Sabine), fut pris au pied de la lettre par Salieri, qui aura composé ici son opéra le plus resserré – un peu moins d’une heure et demie -, continuel crescendo qui épuisa autant la cour de Louis XVI en villégiature à Fontainebleau que l’Académie Royale de Musique lors de la reprise de l’ouvrage qui renonçait au suicide de Camille, la laissant seulement abandonnée dans les célébrations de la victoire de Rome sur Albe.
Christophe Rousset, qui avait déjà enflammé Les Danaïdes, ouvrage autrement foisonnant, entend donner toutes ses chances à cet opéra bodybuildé, qui enchaine dans un tempo dramatique dont l’objectif est de couper le souffle scènes spectaculaires et airs lyriques, autour du dilemme entre l’amour et le devoir.
Aussi brillant et bruyant que soit l’art de Salieri, il parvient parfois à émouvoir lorsque, abandonnant le tumulte, il écrit dans une veine toute gluckiste le magnifique « Victime de l’amour, victime de l’honneur » que Cyrille Dubois embaume de son timbre. Quel Curiace ! C’est d’ailleurs l’autre force de cette gravure, une distribution impeccable où Judith van Wanroij accepte tous les risques pour incarner Camille. Les amoureux malheureux sont entourés par une troupe splendide où brille particulièrement le Jeune Horace de Julien Dran.
Christophe Rousset mène le tout grand train, me faisant déjà attendre avec impatience la prochaine étape de son voyage chez Salieri. Edition soignée, comme toujours dans cette série lyrique chez Aparté.
LE DISQUE DU JOUR
Antonio Salieri (1750-1825)
Les Horaces (1786)
Judith van Wanroij, soprano (Camille)
Cyrille Dubois, ténor (Curiace)
Julien Dran, ténor (Le jeune Horace)
Jean-Sebastien Bou, baryton (Le vieil Horace)
Philippe-Nicolas Martin, baryton (L’Oracle, Une Albain, Valère, Un Romain)
Andrew Foster-Williams, baryton (Le grand Prêtre, Le grand Sacrificateur)
Eugènie Lefebvre, soprano (Une suivante de Camille)
Les Chantres du Centre de Musique Baroque de Versailles
Les Talens Lyriques
Christophe Rousset, direction
Un album/livre-disque de 2 CD du label ApartéAP185
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Photo à la une : © DR
Les adieux de Gounod
Ultime opéra de Gounod, monté avec faste à Garnier en 1881, l’invraisemblable Tribut de Zamora (les fameuses cent vierges que Cordoue doit payer à Ben Saïd, l’émissaire du Calife) aura été l’occasion d’un spectacle fastueux qui se souvenait Continuer la lecture de Les adieux de Gounod
Rameau et la Paix de Fontenoy
Le somptueux livre-disque qui enchâsse cette nouvelle version du Temple de la Gloire – la deuxième en fait, seul Jean-Claude Magloire l’avait précédé en 1981, coupant abondamment – s’ouvre sur le fameux portrait de Voltaire brossé par Quentin de La Tour : ce roué d’Arouet vous affiche un petit sourire en coin qui a l’air de dire : « J’ai bien profité de Rameau ».
Et en effet, ce Temple de la Gloire qu’il brossa nonchalamment malgré les piques et les humeurs du dijonnais, lui permit de paraître à Versailles, lui qui voulut vainement briller à la Cour, celle de Louis XV, et même plus tard du jeune Louis XVI, rêve qui le fit revenir de se retraite de Ferney et mourir à Paris.
Bon, laissons là les bisbilles entre le librettiste et son musicien, d’autant qu’emporté par la battue vive de Guy van Waas, ce Temple, pour divertissement qu’il soit et sans jamais avoir même la tentation de prétendre aux inventions d’Hippolyte et Aricie qui avaient fort agacé Voltaire, est du très beau Rameau, habile, brillant, jouant des codes et osant un orchestre merveilleux et des effets stupéfiants que ce soient les musiques guerrières du Prologue – Diderot cite dans son Neveu de Rameau la scène initiale, preuve que l’œuvre laissa des traces parmi les contemporains – aux abondantes musettes de la Première Entrée en passant par les danses des faunes de Bacchus. Quel plaisir, quel entrain, quel brio si bien dorés par le geste chorégraphique qu’y met la troupe assemblée ici : car c’est bien la danse qui déborde tout ici, impérieuse, solaire, emportée par une équipe de chant ardente où brillent particulièrement Judith van Wanroij et Alain Buet.
Glossa n’a pas mis les mêmes moyens pour publier le premier enregistrement du ballet héroïque Les Fêtes de Polymnie, elles aussi écrites pour célébrer la bataille de Fontenoy emportée par une contre-attaque décisive du Duc de Richelieu. Ses chœurs aussi abondants que somptueux marquèrent le public du temps.
Cette fois, la résurrection vient de Budapest, menée avec éclat mais non sans lourdeur par György Vashegyi qui y conduit des chœurs nombreux et vaillants. La musique martiale n’a pas non plus les charmes et la variété du Temple de la Gloire et la distribution affiche une merveille, Véronique Gens Stratonice et Oriade de grande venue, et une désillusion, Mathias Vidal dans un jour de naufrage qui étrangle ses aigus. Quel dommage ! Et si Guy van Waas s’attelait là aussi à faire renaître ce Rameau qu’on a un peu vite déclaré mineur ?
LE DISQUE DU JOUR
Jean-Philippe Rameau (1683-1764)
Le Temple de la Gloire
Judith van Wanroij, soprano (Lydie, Plautine)
Katia Velletaz, soprano
(Une Bergère, une Bacchante, Junie)
Chantal Santon-Jeffery, soprano (Arsine, Érigone,
la Gloire)
Mathias Vidal, ténor (Apollon, Bacchus, Trajan)
Alain Buet , basse (L’Envie, Bélus, le Grand Prêtre de la Gloire)
Les Agrémens
Orchestre de Chambre de Namur
Guy van Waas, direction
Un livre-disque (2 CDs) du label Ricercar RIC363
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Jean-Philippe Rameau
Les Fêtes de Polymnie
(Ballet héroïque, Paris, 1745)
Aurélia Legay, dessus (Mnémosyne, Hébé, Argélie)
Emőke Baráth, dessus (Polymnie, une Suivante d’Hébé, une Syrienne)
Márta Stefanik, dessus
(La Victoire)
Véronique Gens, bas-dessus (Stratonice, Oriade)
Mathias Vidal, haute-contre (Le Chef des Arts, Alcide, Antiochus)
Thomas Doliè, basse-taille (Jupiter, Séleucus, Zimès)
Domonkos Blazsó, basse-taille (Le Destin)
Purcell Choir
Orfeo Orchestra
György Vashegyi, direction
Un album de 2 CD du label Glossa GCD 923502
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Photo à la une : © DR