Revenu des camps de la mort, Karel Ančerl vécut sa résurrection en retrouvant l’Opéra de Prague et l’Orchestre de la Radio quasi dès sa libération en 1945. En 1950, dix huit années prodigieuses allaient s’ouvrir pour recueillir l’acmé de son art. Il réforme l’Orchestre Philharmonique Tchèque sous l’œil bienveillant de Václav Talich. Continuer la lecture de Le Moderne
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Tous ses visages ?
Ivan Moravec aurait pu rester absolument inconnu hors de Tchécoslovaquie, les conditions politiques de l’époque et sa modestie naturelle le prédestinaient à cet anonymat international qui a effacé l’art de tant de pianistes nés de l’autre côté du rideau de fer.
Mais en 1964, le père de Martin Turnovský Continuer la lecture de Tous ses visages ?
Rapsodia Hungarica
Au centre du Poco Adagio, une rumeur de tempête piquée de hautbois, de clarinettes, de fifres, d’appels lointains de trompettes, surprend l’oreille. Béla Bartók n’avait que vingt-quatre ans lorsqu’il composa sa Première Suite pour orchestre Continuer la lecture de Rapsodia Hungarica
Ravel rêve
La postérité d’Ivan Moravec serait-elle mieux assurée par l’exhumation de ses bandes de concerts que par ses enregistrements pour le disque ? Au studio, son art classique se mesurait en quelque sorte, s’obligeant à une perfection admirable, mais où l’artiste retranchait une part de sa spontanéité Continuer la lecture de Ravel rêve
Mission
Entrant dans le studio de la SWR pour y enregistrer Asraël, Karel Ančerl savait qu’il remplissait une mission d’importance. Le chef-d’œuvre de Josef Suk était peu couru par les orchestres allemands, sa syntaxe si singulière, ses couleurs assombries, son discours pathétique surprenaient autant les musiciens que le public.
Mission remplie : la lecture haletante, teintée d’une morbidezza étouffante, pousse l’orchestre à se dépasser, et une fois encore, je m’étonne devant cet art qu’avait Ančerl de faire sonner toutes les formations qu’il aura dirigées quasi comme « sa » Philharmonie Tchèque.
Il fait jouer les cuivres court, sculpte le quatuor en recentrant sa couleur sonore sur les pupitres médians, demande aux bois une sonorité drue, verte. Sa lecture au cordeau des cinq mouvements de ce poème d’Hadès est irrésistible, sèche, abrasive, intense, et ne peut se mesurer qu’à celle de Václav Talich qui lui disposait de la Philharmonie Tchèque.
La parution de cet inédit est donc historique, d’autant qu’Ančerl n’enregistra jamais l’œuvre à Prague, c’est un ajout majeur à sa discographie en plus de faire entendre toute la singularité de l’orchestre de Suk.
La narquoise sérénade néo-classique d’Iša Krejčí, enregistrée en marge des séances d’Asraël, est un ajout bienvenu, l’œuvre est parfaite, brillante, mordante comme du Stravinski et plaide pour la réhabilitation de son auteur.
LE DISQUE DU JOUR
Josef Suk (1874-1935)
Asrael (Symphonie No. 2), Op. 27
Iša Krejčí (1904-1968)
Serenata pour orchestre
Südwestfunk-Orchester Baden-Baden
Karel Ančerl, direction
Un album du label SWR Klassik 19055CD
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Photo à la une : © DR