Les audaces harmoniques d’un simple Prélude de Louis Couperin préviennent : le nouveau disque de Pierre Gallon, dont le recto s’orne d’une chouette, sera singulier. Dans le joli texte qui accompagne l’album, le claveciniste raconte Continuer la lecture de Tombeaux et Foucades
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Le claveciniste du tableau
L’Hortus Musicus, quelques pièces de clavecin, trois pièces d’orgue, voilà tout ce que nous aura laissé durant sa longue existence (quatre-vingt-deux ans) Johann Adam Reincken, le claveciniste qui vous regarde droit dans les yeux au centre de la célèbre toile de Johannes Voorhoust Continuer la lecture de Le claveciniste du tableau
Tragédie de clavecin
Peu de clavecins auront été si proches de l’opéra. Dandrieu, écrivant ses Pièces de caractère n’était jamais loin de l’esprit du théâtre, il jouait à son clavier tout un univers où la noblesse se teintait d’une touche de merveilleux, où les hommages (à Lully, à Corelli) célébraient les noces des styles français et italiens, tissant habilement les formes anciennes aux harmonies nouvelles.
Si les titres sont encore dans le goût de Couperin, la musique, elle, fait surgir des drames, suscite des émotions, peint des tableaux qui font voir l’amour ou la guerre. Et si Dandrieu n’était pas ce petit maître qu’on dit, mais au contraire le génie du clavecin français entre Couperin et Rameau, disparu derrière ses splendides Noëls d’orgue ? L’abondance de son œuvre, la qualité de son écriture, l’usage résolument moderne qu’il fait de l’instrument lorsqu’il verse dans cette langue descriptive (Les Caractères de la guerre) et qu’il partagera seulement à ce point avec Pancrace Royer, plaident pour qu’enfin soit réévaluée sa place dans l’histoire de la musique du début du XVIIIe siècle.
Herborisant dans les trois grands Livres de clavecin, Marouan Mankar-Bennis se sera composé une tragédie lyrique pleine d’élan et de flamme. Quelle audace pour ce que je crois bien être son premier disque ! Sa compréhension naturelle de ces musiques le transporte, débridant son jeu, aiguillant un sens descriptif toujours saisissant, et les deux clavecins qu’il fait se succéder au cours de l’album – un somptueux flamand d’après Couchet, et le si poétique instrument réalisé en 1989 par Ryo Yoshida inspiré d’un Anonyme du XVIIIe siècle – diversifient les couleurs d’un disque splendide, le premier à rendre pleinement justice à l’univers brillant et profond de Jean-François Dandrieu depuis l’ancien enregistrement d’Olivier Baumont et le Premier Livre plein de caractères qu’avait signé Iakovos Pappas.
Mais si cela n’était qu’un début, si L’Encelade, dont les disques se succèdent dans un tel degré de qualité, songeait à demander à Marouan Mankar-Bennis toute l’œuvre de clavecin, les trois Livres de jeunesses, les trois grands Livres de la maturité ? Il ne serait que tant d’honorer enfin à sa juste mesure un génie de la musique française de son temps.
LE DISQUE DU JOUR
Jean-François Dandrieu (1682-1738)
Livre de jeunesse – Prélude
Pièces de clavecin, Livre III, Suite No. 2 (4 extraits)
Pièces de clavecin, Livre II, Suite No. 3 (3 extraits)
Pièces de clavecin, Livre III, Suite No. 1 (1 extrait)
Pièces de clavecin, Livre I, Suite No. 2 (1 extrait)
Pièces de clavecin, Livre I, Suite No. 1 (3 extraits)
Pièces de clavecin, Livre II, Suite No. 2 (2 extraits)
Pieces de clavecin, Livre II, Suite No. 1 (4 extraits)
Le tympanon
Marouan Mankar-Bennis, clavecin
Un album du label L’Encelade ECL1701
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Photo à la une : © DR
Tutti clavecin
Bach lui-même transcrivit pour ses claviers quelques concertos du Prêtre Roux : la science s’émerveillant devant la fantaisie, et cela lui inspirera même l’épure du Concerto Italien. L’agilité du clavecin, son clavier solaire, la rapidité de la dissolution de ses notes entraînant une sorte de vertige de la suractivité, répondaient parfaitement à l’écriture fusante du Vénitien, mieux, elle offrait un miroir à son giocoso.
Alors après Bach, pourquoi ne pas continuer ?
Gwennaëlle Alibert et Clément Geoffroy l’ont osé, transcrivant avec virtuosité et poésie sept Concertos et deux Sonates en trio pour leurs deux clavecins où s’imagent des flûtes, des hautbois, des violons et même parfois le grand souffle harmonique de l’orgue.
C’est brillant au possible, ivre de mouvement, entêtant à force de danses, prodigieusement joué et montrant tous les caractères des originaux en les magnifiant dans le jeu serré de leurs vingt doigts, faisant au total un disque solaire, inimitable, qui ne me quitte plus, surprise magique d’un automne doré. Courez-y !
LE DISQUE DU JOUR
Antonio Vivaldi (1678-1741)
Concerto pour 2 violons, cordes et basse continue en sol mineur, RV 517
Concerto en fa majeur, RV 99
Concerto en sol mineur, RV 107
Concerto pour violon, orgue et cordes en ut majeur, RV 766
Concerto pour violon, orgue et cordes en ut majeur, RV 808
Concerto pour flûte, violon, basson et basse continue en ré mineur, RV 96
Concerto pour cordes en mi mineur, RV 134
Sonate No. 2 en mi mineur, RV 67
Sonate No. 6 en ré majeur, RV 62
Gwennaëlle Alibert, clavecin
Clément Geoffroy, clavecin
Un album du label L’Encelade ECL1602
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Byrd à ses claviers
Jean-Luc Ho avait signé chez le même éditeur un disque mettant en regard Bach (Ouverture à la française) et Couperin (le Huitième Ordre dans le Second Livre des Pièces de clavecin) qui m’avait arrêté par l’autorité du propos et la subtilité de la réalisation.
Quel plaisir de le voir aujourd’hui Continuer la lecture de Byrd à ses claviers