Un chef pour l’opéra, exclusivement pourrait-on croire ? À Rome, à Londres, Antonio Pappano a fait beaucoup, et dans l’excellence, pour rendre le portrait aussi exact que possible, au point de faire oublier des discophiles le travail éclairant qu’il opéra à Rome, ressuscitant l’Orchestra dell’Accademia Nazionale di Santa Cecilia, la formation tant aimée de Victor de Sabata, d’Antonio Guarnieri, de Bernardino Molinari, de Franco Ferrara, lui redonnant plus que son lustre d’antan, une vraie sonorité pour le nouveau siècle, et une ouverture vertigineuse sur le répertoire. Continuer la lecture de Saga Romaine
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Les autres visages de la Stupenda
Decca se lance dans une édition tout Sutherland. Premier volume les songs, mélodies, oratorios, airs en dehors des intégrales. Ce parcours est-il si connu ? Qui se souvient dans les méandres de sa discographie de ce Libera me terrorisé qu’elle offre à Vienne pour Sir Georg Solti, gravure qui aligne Horne, Pavarotti, Talvela et qui reste l’un des enregistrements majeurs du Requiem de Verdi ? Sa voix, ce liquide d’or, s’y élève au sublime dans un pianissimo de voie lactée.
L’art du bel canto incarné, elle le fut, tout australienne qu’elle soit, ses premiers disques de son temps de Londres rappellent qu’elle déchiffrait tout à vue, même le Songs of Welcome de Bliss – la BBC conserve aussi le soprano du Klagende Lied, la Jenifer du Midsummer Marriage – une musicienne consommée à la curiosité aiguisée, qui se languissait du temps de la Pasta et avait les moyens vocaux de les ressusciter.
Retrouver serait sa raison, réincarner l’objet de son art dès l’album « The Art of the Prima Donna » allant de Arne à Verdi, grand écart qui n’échauffait pas les muscles de cette voix de lait.
Sublime fatalement chez Haendel dont elle réenchantait le premier belcanto jusque dans Le Messie de Boult, délicieuse pour les « Serrate » de Rossini, et subliment exotique chez Mozart : on attendait ce feu pour l’Exsultate, jubilate, moins la ligne de Porgi amor et certes elle n’est pas Margaret Price ! Pourtant quelle Comtesse, qui sera à son mieux dans Dove sono, et ce Chérubin, le croyait-on simplement probable ? Plus probablement que Senta, Sieglinde ou Isolde, et pourtant…
L’édition est somptueuse, premier volume d’une triade que je suivrais attentivement, mais comment expliquer que Decca néglige autant son autre prima donna, Renata Tebaldi, dont elle a oublié voici deux ans le centenaire de la naissance et semble toujours aussi muette pour cette année où l’on commémore les vingt ans de sa disparition. Vergogna !
LE DISQUE DU JOUR
Joan Sutherland, soprano
The Complete Decca Recordings Recitals & Oratorios
Œuvres de Arthur Bliss (1891-1975), Johann Sebastian Bach (1685-1750), Gaetano Donizetti (1797-1848), Giuseppe Verdi (1813-1901), Ludwig van Beethoven (1770-1827), Thomas Arne (1710-1778), Georg Friedrich Haendel (1685-1759), Vincenzo Bellini (1801-1835), Gioacchino Rossini (1792-1868), Charles Gounod (1818-1893), Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791), Ambroise Thomas (1811-1896), Leo Delibes (1836-1891), Giacomo Meyerbeer (1791-1864), Carl Maria von Weber (1786-1826), Jules Massenet (1842-1912), Ruggero Leoncavallo (1857-1919), Julius Benedict (1804-1885), Luigi Arditi (1822-1903), Francesco Paolo Tosti (1846-1916), Friedrich von Flotow (1812-1883), Michael William Balfe (1808-1870), Sir Henry Rowley Bishop (1786-1855), Niccolo Piccinni (1728-1800), Giovanni Battista Lampugnani (1706-1786), Giovanni Battista Bononcini (1670-1747), William Shield (1748-1829), François-Adrien Boieldieu (1775-1834), Noel Coward (1899-1973), Sigmund Romberg (1887-1951), Richard Rodgers (1902-1979), Jerome Kern (1885-1945), Rudolf Friml (1879-1972), Victor Herbert (1859-1924), Harold Fraser-Simson (1872-1944), Jacques Offenbach (1819-1880), Carl Zeller (1842-1898), Carl Millöcker (1842-1899), Leo Fall (1873-1925), Oscar Straus (1870-1954), Franz Lehar (1870-1948), Fritz Kreisler (1875-1962), George Posford (1906-1976), Reinhold Gliere (1875-1956), Igor Stravinski (1882-1971), Cesar Cui (1835-1918), Alexander Gretschaninov (1864-1956), Gustave Charpentier (1860-1956), Georges Bizet (1838-1875), Charles Lecocq (1832-1918), Victor Massé (1822-1884), Gabriel Fauré (1845-1924), Antonin Dvorak (1841-1904), Felix Mendelssohn Bartholdy (1809-1847), Frank La Forge (1879-1953), Reynaldo Hahn (1875-1947), Edvard Grieg (1843-1907), Ottorino Respighi (1879-1936), Pietro Cimara, Edouard Lalo (1823-1892), Cécile Chaminade (1857-1944), Adolphe Adam (1803-1856), Richard Wagner (1813-1883), Luigi Denza (1846-1922), Conradin Kreutzer (1780-1849), Otto Nicolai (1810-1849), Franz Lachner (1803-1890), Heinrich Proch (1809-1878), Frantisek Skroup (1801-1862)
Un coffret de 37 CD du label Decca 4854356
Acheter l’album sur le site du label www.jpc.de, sur le site du label Deutsche Grammophon ou sur Amazon.fr
Photo à la une : la soprano Joan Sutherland – Photo : © DR
Extravagances mélancoliques
Débarquant à Londres, Nicola Matteis, virtuose du violon, amenait dans ses malles des musiques subjugantes, que la douceur de son archet angélique allait plier au goût de mélancolie que Purcell établissait à Londres. Continuer la lecture de Extravagances mélancoliques
Retour au pays natal ?
Londres, Paris, Milan l’auront vu, et surtout entendu !, acceptant enfin de jouer à nouveau en dehors des États-Unis, mais le but était ailleurs, et double, Moscou et Saint-Pétersbourg Continuer la lecture de Retour au pays natal ?
Irréel
Londres, Royal Festival Hall, le 8 avril 1982, Arturo Benedetti Michelangeli et Sergiu Celibidache se rencontrent dans leur paradis partagé : Maurice Ravel. Continuer la lecture de Irréel