Flûte, diminuendo, ornements d’un autre âge, Gil Shaham est infiniment libre dans le Rondeau du Troisième Concerto, et musarde dans la musette sur les pizzicatos avant d’envoler la gigue qu’il bariole d’une vielle Continuer la lecture de Liberté
Archives par mot-clé : Nicholas McGegan
Génie
Pelham Humfrey, disparu dans sa vingt-septième année, n’aura eu le temps que de laisser une poignée de verse anthems et d’œuvres religieuses, quelques musiques pour la scène (The Tempest) Continuer la lecture de Génie
Haendel vénitien
Opéra pour Venise, qui le vit le 29 décembre 1709 (ou 1710, le doute demeure) sur la scène du Teatro sa Giovanni Crisostomo, Agrippina est autant l’œuvre de son librettiste, Vincenzo Grimari, cardinal versé dans la diplomatie Continuer la lecture de Haendel vénitien
Pour la Paix
Brossé rapidement sur le livret plein d’éclats de Louis de Cahuzac, Naïs fut donné à l’Académie Royale de Musique le 27 avril 1749 pour célébrer la victoire « à la Pyrrhus » d’Aix-la-Chapelle. Rameau y brûla un rien toutes ses cartouches dans le formidable Prologue : son bruit de guerre en guise d’ouverture et la lutte des Titans et des Dieux lui ont inspiré des effets qui saisissent encore aujourd’hui, mais si l’on trouve des interprètes sensibles, les trois actes de cette pastorale héroïque dévoilent leurs charmes, ses musiques de danse sont parmi les plus ouvragées coulées de la plume du Dijonnais, son orchestre reste toujours aussi étourdissant.
En 1980, Nicholas McGegan redonnait ses chances à l’ouvrage, un enregistrement suivi sans convaincre vraiment ; depuis, Naïs attendait son heure, la voici venue.
Emportant Prologue et Pastorale d’un seul geste, György Vashegyi incarne enfin l’œuvre dans toute sa magnificence, lui donnant un souffle épique, y distillant un théâtre tour à tour spectaculaire ou subtil qui rend justice autant au livret de Cahuzac – on ne voit plus guère Louis XV derrière Jupiter ou Georges II derrière Neptune, les caractères dramatiques s’incarnent en eux-mêmes – qu’à la musique si inventive de Rameau.
Et enfin, György Vashegyi offre à Naïs ce que McGegan ne pouvait lui offrir : une équipe de chant quasi toute francophone, pour laquelle la pratique historiquement informée est une première nature : Reinould van Mechelen, Neptune ardent, Florian Sempey, Jupiter dans toute sa superbe, le Pluton de Thomas Dolié, et la Naïs fruitée de Chantal Santon-Jeffrey – quel vrai théâtre !
Cette nouvelle anthologie de l’opéra baroque française née sur les rives du Danube hongrois est décidément prodigue en découvertes, hier l’Isbé de Mondonville, aujourd’hui Naïs, quelle sera la prochaine merveille révélée ? Campra mériterait bien les attentions de cette vaillante troupe.
LE DISQUE DU JOUR
Jean-Philippe Rameau (1683-1764)
Naïs
Chantal Santon-Jeffery, soprano (Naïs)
Reinoud Van Mechelen, ténor (Neptune)
Florian Sempey, baryton (Jupiter, Tirésie)
Thomas Dolié, baryton (Pluton, Télénus)
Manuel Nuñez-Camelino, ténor (Astérion)
Daniela Skorka, soprano (Flore, une Bergère)
Philippe-Nicolas Martin, baryton (Palémon)
Márton Komáromi (Protée)
Purcell Choir
Orfeo Orchestra
György Vashegyi, direction
Un album de 2 CD du label Glossa GLO924003
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Photo à la une : © DR