En 1972, dans la salle du Gewandhaus, Kurt Masur gravait pour Eterna la Missa solemnis, lecture oubliée, perdue dans une discographie déjà profuse du moins à l’Ouest du Rideau de fer. Mais à l’Est, l’œuvre était devenue rare au concert Continuer la lecture de Solemnis
Archives par mot-clé : Philharmonia Orchestra
Expressionisme
Quel crève-cœur de voir Paul Kletzki abandonné par son éditeur historique, His Master’s Voice, qui ne lui aura consacré que des rééditions fugitives et encore !, au compte-gouttes Continuer la lecture de Expressionisme
Les pianos de Lenny
Comme Herbert von Karajan, Leonard Bernstein fut d’abord pianiste, mais le demeura au long de sa carrière, mettant son clavier au secours des chanteurs, se produisant en musique de chambre ou en soliste, mais aussi expliquant aux gamins Continuer la lecture de Les pianos de Lenny
Le génie dérobé
C’est entendu, Guido Cantelli aurait laissé avec le Philharmonia Orchestra une brève somme discographique immaculée, indémodable. S’y sont ajoutés des live new-yorkais étendant son répertoire et le montrant possédé par ce que le studio Continuer la lecture de Le génie dérobé
Danse avec la mort
7 décembre 1987, Laiezhalle, Hambourg, Kurt Sanderling, soixante-quinze ans, revient à la 9e Symphonie de Gustav Mahler. Georges Sebastian, dont il fut l’assistant à la Radio de Moscou, lui avait fait découvrir cette œuvre dans une partition annotée par Bruno Walter : il n’était alors pas question de diriger Mahler en U.R.S.S., Staline se serait étouffé, Sanderling ne le fera d’ailleurs qu’une fois installé à Berlin-Est, gravant plus tardivement encore les trois opus ultimes : sa version du Chant de la Terre, avec l’immense Birgit Finnilä, est aussi peu connue que mémorable, sa lecture objective de la 10e Symphonie fascinait Rudolf Barshaï, son premier enregistrement de la 9e Symphonie au disque, si distant, déconcertait. Il allait plus loin dans l’œuvre à la BBC en concert, alors qu’y revenant au studio avec le Philharmonia, l’épure s’imposait trop.
La publication assez inespérée de ce concert hambourgeois montre à quel point la logique de sa direction l’éloigne justement du geste lyrique de Bruno Walter : cet orchestre minéral fait plutôt songer à celui qu’y déployait Klemperer, alors que la maîtrise de la forme, la compréhension immédiate des arcanes du texte ne se retrouve selon moi que chez Michael Gielen.
En 1987, au sommet de son art, tout semble évident dans cette musique pour Sanderling, le geste est fulgurant, le pathos disparaît derrière le feu roulant d’un orchestre impérieux, conquérant, où déjà s’immiscent les paysages stupéfiants de la 10e Symphonie. C’est la musique de l’avenir qui se déroule dans le fugato de la flûte et du cor, et dans toute le vaste Adagio, porte ouverte sur un cosmos silencieux qu’Abbado lui aussi trouvera. Mais les deux scherzos sont à l’opposé, univers noirs, fermés, acides, persiffleurs, le chef danse avec sa mort, lui tient la dragée haute, combat terrible que Mahler n’aurait pas pu imaginer entendre à ce degré de réalisme sonore.
Oui, Sanderling fut un génie, et sa rencontre avec cette symphonie ce soir-là à Hambourg, un moment historique.
LE DISQUE DU JOUR
Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie No. 9
NDR-Sinfonieorchester
Kurt Sanderling, direction
Un album du label Hänssler/Profil PH17007
Acheter l’album sur le site www.uvmdistribution.com, ou sur Amazon.fr
Photo à la une : © DR