Archives par mot-clé : Pinchas Zukerman

Concerto-confession

Le grand Concerto pour violon qu’Edward Elgar écrivit en 1909 pour Fritz Kreisler reste un mystère pour bien des violonistes : Jascha Heifetz s’y perdit, alors que Campoli en trouva d’emblée la lyrique effusive. Rachel Barton Pine semble lui emboîter le pas par son jeu si physique, mais en accord subtil avec la battue d’Andrew Litton, elle y ajoute une compréhension intime du grand rubato qu’Elgar distille tout au long de son œuvre, élément essentiel de sa grammaire.

Si l’on joue cette partition sans en varier les temps musicaux, elle meurt sous vos doigts, ici elle chante et se pâme, s’envole et se replie, plane et s’élève. Un violon ? Un oiseau, comme si l’alouette de Vaughan Williams était née de ce concerto, s’en était envolé cinq ans plus tard.

De bout en bout, ce violon ose des phrasés inouïs de lyrisme, un jeu subtilement modelé jusque dans les éclats, une ferveur parcourt l’archet de Barton Pine, comme l’orchestre qui l’enserre ou la transporte, c’est une tout grande version de l’œuvre, l’une des plus radicales et peut-être la plus juste que j’en ai entendue depuis les propositions flamboyantes de Dmitri Sitkovetsky et de Pinchas Zukerman.

La même intensité physique imprime au Premier Concerto de Bruch une urgence sombre qui me fait espérer que cette violoniste magnifique poursuivra en enregistrant la Fantaisie écossaise et les autres concertos.

LE DISQUE DU JOUR

Sir Edward Elgar (1857-1934)
Concerto pour violon et orchestre en si mineur, Op. 61
Max Bruch (1838-1920)
Concerto pour violon et orchestre No. 1 en sol mineur, Op. 26

Rachel Barton Pine, violon
BBC Symphony Orchestra
Andrew Litton, direction

Un album du label Avie Records AV2375
Acheter l’album sur le site du label Avie Records, sur le site www.clicmusique.com, ou sur Amazon.fr – Télécharger ou écouter l’album en haute-définition sur Qobuz.com

Photo à la une : © DR

Daniel Barenboim : les belles années

Enfant prodige, puis tout jeune homme adoubé par Otto Klemperer qui accompagnera sa première intégrale des Concertos de Beethoven, Daniel Barenboim avait fixé au cours des années soixante son destin de pianiste avec une intégrale des Sonates du même Beethoven Continuer la lecture de Daniel Barenboim : les belles années

L’Ange de la mélancolie

Lorsque Pierre Boulez enregistra le Concerto « à la mémoire d’un ange », un des fleurons de sa vaste anthologie des œuvres majeures de la Seconde École de Vienne, lecture claire et pourtant tendue, où s’exposaient les cruautés sonores Continuer la lecture de L’Ange de la mélancolie